Art & CultureChronique

Vague de rétrocessions d’objets pillés en Afrique. Tentative de réparation historique ou soft power ?

Le 29 avril, l’Allemagne a annoncé la restitution de sculptures pillées à Benin city (Nigeria) en 1897. Les « Bronzes du Bénin » seront restitués « au cours de l’année 2022 ». Tout comme la France avec les restitutions au Bénin et au Sénégal, l’Allemagne accepte de perdre pour gagner. Ici, pour les beaux yeux du Nigeria, première puissance du continent et troisième potentiel démographique en 2050 après l’Inde et la Chine, mérite d’être courtisé. Un investissement.

Pendant des siècles, l’art africain pourtant jugé maléfique par un certain lavage de cerveaux, a engendré de larges revenus en Europe à travers des expositions dans les musées occidentaux.

Vestiges d’une domination et d’une violence culturelle à nulle autre pareille, ils amorcent un retour mitigé sur le continent, dans un élan présenté comme une volonté de renouer avec les ex colonies désabusées. Il s’agit pourtant, d’une vaste supercherie camouflée en actions de bonne volonté.

En un mot, les peuples Noirs ont longtemps été coupés d’une partie de leur identité pour ne voir revenir qu’une once de ce patrimoine culturel, non comme une tentative de réparation historique, mais plutôt comme une opération de séduction visant à amadouer les esprits les plus hostiles aux accords de partenariat avec l’Ouest. Quelle farce !

Les peuples devraient-ils être reconnaissants pour cette « bonne foi »? Elle amorce une offensive en vue de gagner une plus large part des marchés Africains. En manque de débouchés, l’Occident où tout ou presque est construit, où la croissance stagne, cherche désespérément des contrats et des marchés pour déverser le trop plein de leurs productions, dont la qualité destinée à l’Afrique reste par ailleurs douteuse. Il se tisse ainsi un renforcement de la domination économique de l’Ouest sur le Sud.

Les annonces faites au Sénégal, au Bénin et plus récemment au Nigeria par les Français puis les Allemands, entre dans cette stratégie de soft power. Encore que les « bénéficiaires » n’ont point le droit de choisir les objets à rétrocéder car l’aliénation culturelle continue de jouer un rôle prépondérant. Ainsi, le 29 avril, Berlin a annoncé la restitution au Nigeria de sculptures désignées comme des « Bronzes du Bénin », pillées à Benin city en 1897, « au cours de l’année 2022 ». Tout comme la France, l’Allemagne accepte de perdre pour gagner. En effet, le Nigeria, première puissance du continent et troisième potentiel démographique en 2050 après l’Inde et la Chine, mérite d’être courtisé.

Lire ou relire l’article de Teria News: Restitution au Bénin des œuvres culturelles pillées pendant la colonisation, Chronique du dépouillement annoncé des musées français?

Même sous d’autres masques et facettes, il s’agit toujours de renforcer des rapports de domination dans les relations Nord-Sud marqués par de faux semblants amicaux et des stratégies lugubres de coopération.

Les exemples sont légions et interpellent une fois encore sur les rapports incestueux, tissés de complexes. Supériorité chez les uns, infériorité chez les autres.

L’Afrique a la lourde responsabilité de sortir de sa torpeur, de prendre enfin conscience de son état léthargique qui le conditionne tel un dragon à la recherche d’un briquet, car inconscient de son potentiel intrinsèque.

L’Eveilleur de Conscience Panafricaine

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