Connaissez-vous Gaspar Yanga ? Désigné « Premer Libertador de America » ou Premier Libérateur des Amériques (avant Simon Bolivar) par le Mexique, cet esclave de sang royal Gabonais a mené une des premières révoltes d’esclaves du Mexique. Son génie militaire et politique font plier la couronne espagnole, contrainte de signer un traité de paix avec la communauté de marrons sous son leadership.
Gaspar, communément appelé Yanga ou Nyanga, est né le 14 mai 1545. Issu d’une famille royale du Gabon, il y grandit avant sa capture et sa déportation au Mexique. Prince devenu esclave, il fut acheté par les propriétaires d’une plantation de canne à sucre de la ville de Veracruz.
En 1575, Yanga convainc un groupe d’esclaves de prendre la fuite. Il en prend la tête et conduit la révolte contre leurs maîtres. Le groupe s’échappe en empruntant les régions montagneuses en périphérie de Cordoba et fonde une communauté d’anciens esclaves appelée Palenque. Pendant plus de 40 ans, Yanga assure les fonctions de leader militaire et spirituel. Sous son leadership, la communauté s’accroit et se fortifie. En 1609, Palenque comprend plus de 500 hommes. Une démographie qui suscite alors des craintes infondées. La rumeur prête en effet aux résidents de Palenque, des projets d’insurrection armée contre les autorités espagnoles.
Les Cimarrones, à l’assaut des intérêts espagnols
Yanga était également à la tête d’un groupe appelé les Cimarrones qui assurait l’ordre dans la communauté mais qui, de l’extérieur, était vu comme une menace, notamment par Luis de Velasco, second vice-roi de Nouvelle-Espagne pendant la colonisation espagnole. Luis de Velasco craignait une révolte massive des Noirs, possiblement portée par les Cimarrones, qui verrait le massacre de Blancs par les esclaves et le couronnement d’un Nègre marron en tant que Roi. Luis de Velasco n’accorda toutefois pas crédit à ces rumeurs, du moins dans un premier temps. Il mit en scène le fouettage d’esclaves, humiliation publique destinée à intimider les Noirs afin de dissuader toute velléité de soulèvement.
Mais les Cimarrones furent par la suite impliqués dans plusieurs troubles sur les principales voies commerciales de la ville et le vol de marchandises. Le groupe pillait les haciendas (domaines) et fermes, mais perturbait également la route Mexico-Veracruz, une des principales artères commerciales du pays. Située entre Veracruz et Mexico city, en plus d’être indispensable aux communications internes et internationales, la route était essentielle pour les exportations des productions du pays vers la métropole espagnole, une des plus importantes des Amériques.
Les Cimarrones font plier les colons espagnols
La récurrence des attaques pousse Luis de Velasco à envoyer l’armée contre la communauté des Palenque. Outre mater les Cimarrones, l’objectif était de dissuader d’autres rebellions armées. Toutefois, les fugitifs parviennent à se défendre et repousser l’armée espagnole à plusieurs reprises, en partie grâce à la localisation de leur communauté, un maquis particulièrement difficile d’accès. Alors qu’ils tenaient tête aux troupes coloniales, les Cimarrones poursuivirent leurs pillages, au point de déstabiliser l’économie espagnole.
En 1609, la rumeur attribua aux Noirs le projet de couronner Yanga. Cette fois, Luis de Velasco y ajouta foi et envoya un contingent important pour attaquer Palenque. Ses résidents firent valoir leur connaissance supérieure du terrain pour repousser les Espagnols. L’objectif de Yanga était d’infliger à l’ennemi suffisamment de pertes pour le contraindre à s’asseoir à la table des négociations, ce qui fonctionna, mais pas avant plusieurs autres affrontements.
Yanga obtint la reconnaissance par le colon de la liberté de tous les résidents de Palenque, celle de la communauté comme entité légale et l’interdiction d’incursion de tout espagnol. En échange, Yanya fut contraint de servir et de faire allégeance à la couronne espagnole. Après plusieurs années de négociations, le traité de paix fut signé en 1618. San Lorenzo de Los Negros, aujourd’hui appelée « Yanga » (dans la province de Veracruz), a ainsi été officiellement reconnue par l’Espagne comme une communauté Noire libre. 50 ans après son indépendance, le Mexique a désigné Yanga comme Héros national du Mexique et « Premer Libertador de America ».
Teria News