Pendant ce temps… Lundi, les députés togolais ont adopté une nouvelle Constitution. Le président sera désormais choisi « sans débat » par le Parlement réuni en congrès « pour un mandat unique de six ans ». Quand le Sénégal fait le « choix de la rupture », le Togo fait celui de la continuité.
Alors que l’exemple sénégalais inspire les peuples Ouest-Africains et du continent à l’engagement politique et matérialise les espoirs de changement en un vent qui souffle sur les institutions du pays de la Teranga, comme sur l’espace sous-régional, le Togo s’inscrit à contre-courant du sens de l’Histoire.
La victoire écrasante, au premier tour, du candidat du Pastef Bassirou Diomaye Faye ravive la foi des opinions en la capacité des institutions démocratiques à générer du changement via une alternance crédible, à l’heure où les coups d’État ont semblé s’ériger en valeur refuge face à des systèmes sclérosés, où se reproduisaient les élites selon des logiques népotiques, endogames et clientélistes au détriment de la compétence et du projet politique.
C’est précisément ce dernier, et non la personnalité du 5e président sénégalais qui a emporté la confiance du corps électoral convoqué le dimanche 24 mars, à l’issue d’un bras de fer institutionnel pour la tenue d’un scrutin à bonne date. Sans minimiser l’aura d’Ousmane Sonko, laquelle, s’est résolument reflétée sur son ancien lieutenant, selon le slogan « Sonko c’est Diomaye et Diomaye c’est Sonko », la promesse de rupture portée par le couple Diomaye-Sonko est le véritable ressort de l’épopée victorieuse du « joker ». Son K.O sans appel, assommant ses adversaires, au premier chef desquels, le représentant de la mouvance présidentielle, Amadou Ba, traduit un vote sanction contre le régime défunt du président sortant Macky Sall qui, après avoir lui aussi incarné le changement, a été absorbé dans l’exercice du pouvoir par un système pensé pour assouvir la soif de pouvoir et de capital des puissants dans une logique d’entre-soi, au détriment des plus vulnérables, mais aussi de la classe moyenne laquelle, bien qu’en plein essor, reste limitée dans sa montée en puissance.
Panafricanisme anticapitaliste et souverainisme
« Je voudrais dire à la communauté internationale, à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux que le Sénégal tiendra toujours son rang, il restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive »
Bassirou Diomaye Faye, président élu du Sénégal
Lors de sa première conférence publique, lundi 25 mars, le plus jeune président du Sénégal a assuré que son pays resterait « l’allié sûr et fiable » de tous les partenaires étrangers « respectueux ». En termes de politique intérieure, Bassirou Diomaye Faye a déclaré que ses « chantiers prioritaires » seraient « la réconciliation nationale », la « refondation des institutions » et « l’allègement sensible du coût de la vie ». « Je m’engage à gouverner avec humilité, dans la transparence, à combattre la corruption à toutes les échelles », a-t-il déclaré. Bassirou Diomaye Faye sera attendu sur la question de la répartition des richesses de la manne pétrolière et gazière. Un chantier sur lequel le régime de Macky Sall a été vivement taclé par le Pastef et plus particulièrement par son président, Ousmane Sonko, notamment à travers un certain nombre de publications acerbes qui lui ont valu l’inimitié du président sortant et de son clan.
Le Togo passe à un régime parlementaire
Lundi 25 mars, alors que la victoire de Bassirou Diomaye Faye galvanisait les oppositions et acteurs politiques de la sous-région, les députés togolais ont adopté une nouvelle Constitution en vertu de laquelle le président de la république est désormais élu par le Parlement. Le Togo passe ainsi d’un régime présidentiel où le chef de l’État était élu au suffrage direct pour une durée de cinq ans, renouvelable une fois, à un régime parlementaire. Le président sera désormais désigné « sans débat » par le Parlement réuni en congrès « pour un mandat unique de six ans ».
Adoptée un mois avant le double scrutin législatif et régional prévu se tenir le 20 avril prochain, cette nouvelle loi fondamentale inaugure une Ve République. En 2019, une précédente révision constitutionnelle avait instauré la limitation des mandats présidentiels à deux. Non rétroactive, elle avait permis à Faure Gnassingbé de se présenter en 2020 et lui ouvrait la voie vers une candidature en 2025. Aucune date n’a été donnée concernant l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution.
Teria News