La Chine accuse les États-Unis d’avoir « déclenché » la guerre en Ukraine et d’« être le principal facteur qui l’alimente ». Le ministère chinois des Affaires étrangères demande également à Washington d’arrêter d’envoyer des armes lourdes à Kiev. Peut-être la fin de la « neutralité » jusque-là observée par Pékin.
C’est un tournant dans la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine. Face à la décision des partenaires occidentaux de Kiev, dont les États-Unis et l’Allemagne, d’envoyer des chars en Ukraine, la Chine change de posture. Après avoir jusqu’ici soigné sa position de neutralité, sinon sur le plan économique et commercial, du moins sur le front diplomatique, Pékin se positionne, pour la première fois depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, en faveur de la Russie.
Lors d’un point de presse donné lundi 30 janvier, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a accusé les États-Unis « d’avoir déclenché la crise en Ukraine » et d’« être le principal facteur qui l’alimente » en fournissant des armes lourdes à Kiev.
La « cobelligérance » sur le bout des lèvres
Sans lâcher le mot au conséquences diplomatiques que personne ne veut assumer, Chine et États-Unis s’accusent mutuellement de cobelligérance. La sortie de Mao Ning intervient suite à des déclarations de l’administration américaine selon lesquelles les entreprises publiques chinoises assisteraient militairement et économiquement la Russie. Des accusations que Pékin juge infondées. S’estimant victime de « chantage », la Chine accuse à son tour Washington d’avoir « semé la paranoïa » et affirme qu’elle « n’ajouterait jamais de l’huile sur le feu » et « alimenterait encore moins la crise ».
Les accusations chinoises tranchent avec la position de neutralité observée depuis un an. En effet, mi-septembre encore, lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) [dont sont membres Chine et Russie], Pékin faisait part de ses inquiétudes sur la guerre en Ukraine à son partenaire russe ; et fin septembre, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, appelait l’Ukraine et la Russie à ne pas laisser la guerre « déborder ». Lourde de sens, l’inflexion chinoise intervient en amont de la visite secrétaire d’État américain, Antony Blinken, à Pékin dimanche et lundi prochains.
Teria News