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Le Pape tacle le « colonialisme économique » à l’œuvre en Afrique

En visite en République Démocratique du Congo, le Pape François tacle les grandes puissances. Dénonçant leur « colonialisme économique », il les appelle à « cesser d’étouffer » l’Afrique et plaide pour une meilleure représentativité du continent dans les instances internationales.

Accueilli avec chaleur à Kinshasa où plus d’un million de fidèles se sont massés à l’aéroport militaire de Ndolo pour recevoir son homélie, le Pape François a délivré un message à l’écho très politique. Sur une terre marquée par la guerre, les massacres et le pillage des richesses de son sous-sol, le Pape François a, dès son arrivée mardi, mis le doigt sur la plaie. Le souverain pontife a ainsi donné le ton de cette visite de quatre jours dans le plus grand pays catholique d’Afrique.

L’état de la RDC, reflet d’une dynamique continentale

« Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, ôtez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin […] C’est une tragédie que ces terres, et plus généralement tout le continent africain, continuent à subir diverses formes d’exploitation »

« Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants ». De Kinshasa, située sur le flanc ouest du pays, à l’abris des combats, François n’a cessé de s’adresser à la souffrance des populations fuyant les frontières de l’est, en proie une désolation planifiée par l’avidité et le cynisme de multinationales sans scrupule.

Un « accident géologique », la RDC possède les plus grandes réserves mondiales de diamants, d’or, de cuivre, de cobalt, d’étain, de tantale et de lithium. Mais ces richesses, loin de soutenir le développement d’un pays de 100 millions de citoyens dont près des deux tiers vivent avec moins de 2,15 dollars par jour, attise la convoitise d’acteurs régionaux et internationaux qui, à travers le soutien à des groupes rebelles, dont le M23, sèment la misère à l’est du pays. Un « drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche », a dénoncé le Pape François.

« Que le monde se souvienne des désastres commis au cours des siècles au détriment des populations locales et qu’il n’oublie pas ce pays ni ce continent. Que l’Afrique, sourire et espérance du monde, compte davantage : qu’on en parle davantage, qu’elle ait plus de poids et de représentation parmi les nations », a par ailleurs déclaré le souverain pontife, ajoutant ainsi au plaidoyer en faveur d’une équité dans la place accordée à l’Afrique dans les instances de décision multilatérales.

Une réception partagée

Source de réconfort et d’espoir pour de nombreux fidèles, les déclarations du Pape sont accueillies avec davantage de recul par d’autres enfants du continent à l’aune du rôle historique joué par l’église catholique dans la colonisation.

Envoyés pour dompter les esprits afin qu’ils se soumettent aux colons au nom d’une lecture biblique glorifiant la souffrance sur terre comme moyen de rédemption éternelle, les missionnaires ont, rappellent-ils, incarné le volet psychologique du triptyque « Marchands, Militaires, Missionnaires » de la conquête du continent par les puissances européennes au XIXe siècle. Alors que les premiers exploitaient économiquement l’Afrique, les seconds s’assuraient de la domination physique de ses peuples en s’appuyant sur l’influence exercé par l’Eglise sur les consciences.

Teria News

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