La croissance russe dépassera celle des économies de la zone euro et des États-Unis en 2024 d’après les prévisions du FMI. Résistance du rouble, augmentation des recettes d’exportation malgré des sanctions historiques, l’état de l’économie russe déjoue les prédictions d’apocalypse.
Les chiffres du Fonds monétaire international (FMI) actent l’échec de la politique des sanctions occidentales contre la Russie. Avec +0.3% en 2023 et +2.1% en 2024, la Russie esquive la récession qui frappe les économies occidentales, durement touchées fin 2022 par une inflation historique due aux chocs cumulés de la pandémie de Covid-19 et des sanctions liées à la guerre en Ukraine. Autre surprise : la récession de 8.5% prévue par le FMI devrait finalement stagner à -2.2% seulement. De plus, la croissance russe devrait être supérieure à celle de la zone euro et des États-Unis qui se contenteraient respectivement de 1 et 1.6% de croissance en 2024.
Une politique monétaire volontariste
Par ailleurs, loin de s’effondrer, le rouble dont la descente aux enfers était annoncée, a certes plongé début mars en réaction au choc des sanctions occidentales d’une ampleur historiquement inédite, mais les cours de la monnaie russe sont rapidement remontés pour dépasser ceux d’avant-guerre, allant jusqu’à égaler un record de 2015 face à l’euro.
Le rouble doit sa résistance aux mesures prises par le Kremlin et la Banque centrale lesquels, n’ont pas laissé la possibilité aux détenteurs de rouble de céder à la panique lors des premiers chocs subits par l’économie russe, en les échangeant contre des dollars. De plus, les sociétés qui avaient des recettes en dollar ont été contraintes d’en changer une partie contre des roubles et les taux d’intérêt ont été augmentés.
La manne des hydrocarbures reste intacte
Principales sources d’exportation de la Russie, les sanctions occidentales frappant ses hydrocarbures visaient également à mettre à genoux l’économie russe. Cependant, en novembre 2022, la Russie a exporté pour 24 milliards 600 millions de dollars de pétrole, gaz et charbon, un montant qui tutoie celui d’avant-guerre. En effet, la guerre ayant fait flamber les prix des hydrocarbures, dont ceux provenant de Russie, le pays à certes vendu moins d’hydrocarbures, mais les volumes inférieurs exportés l’ont été à un prix plus élevé, ce qui a équilibré les revenus de Moscou. Par ailleurs, le Kremlin s’est tourné vers d’autres importateurs, notamment l’Inde, la Turquie et la Chine. Ainsi, les exportations vers Pékin ont pratiquement doublé, passant de 4.6 à 8 milliards de dollars. Elles ont triplé vers la Turquie, bondissant de 460 millions à 1.4 milliards. Quant à l’Inde elles ont augmenté de façon exponentielle, passant de 270 millions de dollars en février 2022 à 4.1 milliards en novembre dernier.
Enfin, concernant l’embargo industriel, touchant notamment les semiconducteurs, la Russie a également réussi à le contourner, en se fournissant via les pays voisins comme l’Arménie, la Turquie ou la Chine. Moscou a ainsi pu acheter pour 2.6 milliards de composants électroniques occidentaux, en dépit des sanctions.
Teria News