Après sa réélection le 4 juin, Narendra Modi a réservé sa première visite à Vladimir Poutine les 8 et 9 juillets. Stratégique pour le contournement des sanctions occidentales via l’ouverture d’un nouveau corridor commercial, l’Inde est également alliée à la Russie au sein des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Cette visite de deux jours ne manque pas d’irriter Volodymyr Zelensky, lasse de constater l’échec des tentatives d’isolement diplomatique de la Russie. Le président ukrainien évoque même un « coup dévastateur pour les efforts de paix. » Pourtant, bien que n’ayant jamais formellement condamné l’intervention russe en Ukraine et ayant même augmenté ses approvisionnements en hydrocarbures russes depuis l’adoption par les États-Unis et leurs alliés européens d’un embargo sur leur exportation, Narendra Modi ne cache pas ses réserves sur la campagne militaire russe. D’autant, que 30 à 40 ressortissants Indiens se sont enrôlés dans le conflit et que 4 y ont trouvé la mort. Le Premier ministre indien a demandé la démobilisation immédiate de ces citoyens « induits en erreur ».
Des dissensions sur l’Ukraine, mais un partenariat globalement renforcé
« Je sais que la guerre ne peut pas résoudre les problèmes, les solutions et les pourparlers de paix ne peuvent pas aboutir au milieu des bombes, des armes et des balles », a estimé Narendra Modi, appelant à trouver un chemin vers la paix par le dialogue. « Lorsque des enfants innocents sont assassinés, on les voit mourir, le cœur souffre et cette douleur est insupportable », a-t-il ajouté.
Vladimir Poutine a, à plusieurs reprises, rappelé les conditions russes d’un cessez-le-feu : la cession par l’Ukraine de cinq régions et son renoncement à une adhésion au sein de l’OTAN.
Même pressé par les États-Unis en amont du sommet otanien de Washington, le sujet ukrainien n’est toutefois pas une cause de fâcherie entre les deux alliés. Moscou et New Delhi ont convenu de consolider leur coopération bilatérale dans le commerce, la sécurité, l’agriculture ou encore la technologie. A également été abordée, la question du « corridor de transport international Nord-Sud », un projet d’itinéraire ferroviaire et naval reliant l’Inde à la Russie via l’Iran visant à renforcer la résilience de Moscou en direction des partenaires commerciaux de l’Asie et du Moyen-Orient, face aux sanctions occidentales.
Chantre du multi-alignement, l’Inde de Narendra Modi adopte une diplomatie souple cassant les logiques de bloc. Ainsi, tout en renforçant son partenariat avec la Russie et la Chine au sein de BRICS comme de l’OCS, New Delhi assume son appartenance au QUAD (dialogue quadrilatéral pour la sécurité dans le pacifique, regroupant les États-Unis, le Japon et l’Australie), mettant en scène sa rivalité avec Pékin dans la région. L’Inde parle à tout le monde et trace un chemin étroit qui épouse la seule ligne de la défense de ses intérêts nationaux et celle de l’émergence d’un monde multipolaire.
Teria News