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Chronique : Et si le déclin Francais profitait à l’Afrique ?

Et si le déclin Francais profitait à l’Afrique? Snobée par les États-Unis qui l’ont effacée de la carte géopolitique, révélant son statut de puissance secondaire, la France subit l’émancipation du Mali après la Centrafrique et même du Gabon qui rejoint le Commonwealth. L’Afrique francophone saura-t-elle profiter de cette unique fenêtre d’opportunité ?

A quelques mois de la présidentielle française, sale temps pour sa diplomatie qui enregistre coup sur coup, une double gifle dans le Pacifique à travers l’isolement de l’AUKUS (accord stratégique entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis) conclu sous son nez. Son exclusion par les « Alliés » est criarde, sans oublier les récentes négociations ouvertes entre l’État malien et Wagner en vue de l’assistance militaire fournie par la société paramilitaire, faisant d’elle un partenaire stratégique de l’armée malienne contre le terrorisme dans le Sahel où la France peine depuis une décennie à démêler la situation tout en assiégeant militairement la région. Vendredi, à l’Assemblée générale de l’ONU, le Premier ministre Malien Choguel Maïga a d’ailleurs justifié le recours à Wagner par l’ « abandon en plein vol » du Mali par la France qui multiplie les contradictions : « un coup je pars, un coup, je reste ».

Les lamentations de la France ont conduit à l’instrumentalisation du Tchad et du Niger, qui semblent s’octroyer des droits sur la souveraineté du Mali dans le choix de ses partenaires. Rappelons au passage la demande de relecture des accords de coopération avec la France datant de la colonisation par le Mali. Bis repetita après la Centrafrique qui eût le cran d’opter en premier pour Wagner. Ses mercenaires ont eu le mérite d’avoir repoussé la rebellion, reprenant le contrôle de pans de son territoire, ce que les français ont échoué à faire. Il faut noter que le régime Ouattara en Côte d’Ivoire a aussi contracté les services d’Academi, mieux connu sous le nom Blackwater, soit l’équivalent américain de Wagner. Ce, sans plainte de Paris.

Ces événements majeurs sont-ils annonciateurs du déclin de la coopération internationale française ? Considérant la solitude de la France au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies avec l’axe États-Unis/Royaume-Uni d’un côté et l’axe Chine/Russie de l’autre et sa perte d’influence en Afrique avec le Gabon qui adhère au Commonwealth, la Centrafrique et le Mali qui recourent à Wagner, sortant par conséquent du pré carré français, le moins qu’on puisse proclamer est l’échec cuisant du Quai d’Orsay, mettant en berne le drapeau de la diplomatie française.

Que Joe Biden ait attendu cinq jours après le rappel par Paris de son ambassadeur aux États-Unis pour appeler Emmanuel Macron en dit long sur le dédain américain. Au fond, le président Américain a ainsi signifié à son homologue Français qu’ils ne jouent pas dans la même cour. La diplomatie française a du pain sur la planche et il faut craindre que l’empire ne s’écroule entièrement tant la fondation dont elle pouvait se targuer a été ébranlée par cette crise diplomatique. L’hégémonie française a du plomb dans l’aile et révèlera sûrement le vrai visage de cette nation.

C’est d’ailleurs l’opportunité rêvée pour les pays francophones d’Afrique de s’émanciper définitivement d’un paternalisme colonial qui n’a que trop duré.

L’Eveilleur de Conscience Panafricaine

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