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Fin des assises de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ce mardi 19 mai. Discréditée par sa complaisance envers la Chine dans la gestion de la pandémie de Covid-19, soupçonnée d’être une mafia à la solde de groupes pharmaceutiques, l’OMS pourra-t-elle traverser cette crise?

73e Assemblée mondiale de la santé. À l’issue de 2 jours de travaux, les 194 États membres de l’OMS se sont entendus sur une résolution finale.

Le texte commun demande aux États et aux groupes pharmaceutiques de tout faire pour rendre accessible au plus grand nombre les futurs traitements contre le Covid-19. Toutefois, les États-Unis, en conflit ouvert avec l’organisation, ne se sont pas associés à cette partie de la résolution. De plus, les États membres se sont mis d’accord pour que soit conduite une évaluation indépendante de l’action de l’OMS pendant la crise de Covid-19.

Accusée depuis plusieurs semaines par Washington d’avoir retardé les mécanismes d’alerte par complaisance envers Pékin, particulièrement ménagé dans les déclarations du Directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’agence a été affublée par Donald Trump du sobriquet de « marionnette de la Chine ». Pékin a même été loué pour sa gestion de la crise sanitaire, alors que les autorités chinoises ont fait l’aveu de leur manque de transparence, et, sous le feu des critiques, revu à la hausse le bilan dans la ville de Wuhan, épicentre de l’épidémie. Ainsi le 17 avril, 1 290 décès supplémentaires y ont été déclarés, pour s’établir à 3 869, soit, une majoration de 50%. Un nouveau bilan qui n’a fait qu’ajouter aux suspicions grandissantes qui entourent la gestion chinoise. En outre, Taïwan, exclue de l’Assemblée, affirme avoir alerté dès décembre 2019 sur la possibilité de transmission du virus d’homme à homme. L’alerte précoce aurait été négligée par l’OMS. D’aucun s’interrogent : la posture de l’OMS vis à vis de la Chine est-elle le résultat d’un lobbying conduit par Pékin? Lundi, le Directeur général de l’organisation a annoncé que l’agence lancerait une « enquête indépendante » sur la réponse à la pandémie de coronavirus « au moment approprié ». Il s’est également défendu en réaffirmant que l’OMS avait sonné l’alarme « rapidement » et « souvent ».

Après avoir suspendu sa contribution à l’agence mi-avril, le président américain accorde un mois à l’organisation pour se réformer, à défaut, Washington menace de se retirer.

Outre sa relation avec la Chine, la crédibilité de l’OMS est particulièrement écornée en Afrique. De toutes ses prédictions macabres, aucune ne s’est réalisée, et les dissensions ne s’arrêtent pas là.

Le dernier exemple en date est sa méfiance envers le Covid-organics, décoction à base d’artemisia dont le président malgache Andry Rajoelina vante les mérites de remède contre le Covid-19. D’autres pays ont emboîté le pas à Madagascar et présenté des traitements naturels contre le Covid-19. Ainsi, au Gabon, une équipe de spécialistes a dévoilé à la presse la Fagaricine, fruit d’une coopération entre médecine moderne et tradipraticiens, et au Cameroun, l’Archevêque herboriste de Douala, Mgr Kleida, a annoncé avoir déjà guéri environ 500 patients atteints de Covid-19.

Michel Yao, chargé de la réaction d’urgence au bureau régional Afrique de l’Organisation mondiale de la santé, a mis en garde : « l’OMS pense qu’il s’agit possiblement d’innovations. Mais ce sont des innovations à prendre avec des pincettes parce qu’il n’y a pas d’évidences et c’est là la grosse difficulté pour ces médicaments traditionnels pour lesquels on a des recommandations de pays ou d’autorités sans qu’on puisse savoir quelle est l’efficacité réelle de ces médicaments, et si ces médicaments sont inoffensifs pour la santé humaine ».

Cette déclaration, à l’images des prises de position sourcilleuses de l’OMS sur les remèdes traditionnels, illustre un rapport de force sanitaire mais aussi géopolitique.

En effet, elle raconte l’histoire des frictions entre médecine traditionnelle et moderne, la dernière accusée d’injecter du poison onéreux dans les organismes humains et de nourrir une industrie pharmaceutique vorace en bénéfices. Dans le contexte de cette pandémie, elle dit aussi l’opposition entre, d’un côté la vision selon laquelle le salut de l’humanité repose sur la seule production d’un vaccin, et de l’autre, l’idée que la nature détient déjà la réponse à ce nouveau défi sanitaire, cette dernière pouvant être d’une simplicité déconcertante. Enfin, cet affrontement est aussi celui des petits contre les grands, de David contre Goliath. Pays pauvre, avec sa potion, Madagascar et son président, par ailleurs consacré héros panafricain, prétendent devancer les plus grands chercheurs, engagés dans une course mondiale pour un vaccin contre le Covid-19. Face à elle, l’OMS, mastodonte adepte du paradigme du vaccin, complexe de puissance oblige, semble ne pas accepter l’affront fait à tout ce qu’elle représente.

Il faudra du temps à l’OMS pour à nouveau être une voix crédible, tant elle apparaît ballottée par des intérêts divers, allant d’États membres aux groupes pharmaceutiques. Une reconquête pour laquelle l’enquête diligentée n’est qu’un premier pas.

Teria News

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