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En France, à la sortie du Conseil des ministres de ce mercredi 20 mai, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a annoncé que le projet de loi qui entérine la fin du franc CFA a été adopté. L’Eco, une révolution confisquée?

Le texte était très attendu par les pays de l’Union Monétaire Ouest-africaine (UEMOA), a annoncé la porte-parole du gouvernement français Sibeth Ndiaye.

Ce projet de loi valide la transformation du franc CFA, qui deviendra l’Eco en maintenant la parité fixe avec l’Euro, ainsi que la fin de la centralisation des réserves de change des États d’Afrique de l’ouest auprès du Trésor français, conformément à l’accord conclu fin décembre entre la France et les États de l’UEMOA, a-t-elle précisé.

« Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire », a déclaré Sibeth Ndiaye.

En vertu de ce nouvel accord, la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) n’aura plus l’obligation de déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France. Par ailleurs, Paris s’engage à se retirer des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente.

Toutefois, la parité fixe de l’Eco avec l’euro, doit être maintenue (1 € = 655,96 francs CFA). Cet élément serait appelé à évoluer lorsque l’Eco deviendra une réalité.

Fin décembre 2019, l’adoption de l’Eco par les pays de l’UEMOA, et par le président ivoirien Alassane Ouattara au nom de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avait été dénoncée comme unilatérale, et rejetée par la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest (ZMAO), espace regroupant Nigéria, Ghana, Sierra Leone, Libéria, Gambie et Guinée-Conakry. En effet, dans un communiqué publié le 16 janvier dernier, la ZMAO s’était distanciée des déclarations d’Alassane Ouattara. Or, les deux zones monétaires étaient appelées à fusionner au sein de la CEDEAO, et leur union devait être consommée par la naissance de l’Eco, en tant que monnaie commune de la CEDEAO. La ZMAO, sous leadership nigérian refuse notamment l’arrimage de la monnaie à l’euro et accuse les pays de l’UEMOA d’en avoir fait la requête. S’est engagé un bras de fer par proxy entre le Nigéria et la France, symbolisé par les divisions entre Yamoussoukro et Abuja. La dernière accuse ouvertement le président ivoirien, moteur politique et économique de l’UEMOA, d’avoir trahit l’esprit de l’Eco.

L’Eco, un franc CFA 2.0? La naissance prématurée de l’Eco originel de la CEDEAO aurait-elle été orchestrée pour que la nouvelle monnaie unique, vidée de ses éléments subversifs et émancipateurs soit morte-née, un leurre en forme de révolution?

La promptitude de la réponse française à la demande populaire d’abolition du franc CFA, les incongruités de la visite du président français Emmanuel Macron collant à la tenue du 56e sommet ordinaire de la CEDEAO fin décembre 2019, (Emmanuel Macron étant alors resté à Abidjan attendre le retour d’Alassane Ouattara), les révélations et la méfiance du Nigéria appellent à la prudence.

Face à ce qui apparaît comme une révolution confisquée par les élites de l’UEMOA, la zone franc ouest africaine pourrait ne pas être à la fin de son combat pour une pleine souveraineté économique et monétaire.

Teria News

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