MondePolitique

Guerre Israël/Hamas : Le cessez-le-feu qui n’aura pas lieu

Du rififi sur l’axe Washington-Tel Aviv. Alors que Benyamin Netanyahu a rejetté la proposition de cessez-le-feu du Hamas, Joe Biden juge la riposte israélienne à Gaza « excessive ». « Nous sommes sur le chemin de la victoire absolue (…) c’est une question de mois », a déclaré le Premier ministre israélien avant d’annoncer une offensive sur Rafah où s’entassent un million de Palestiniens.

Les médiations qatari, égyptienne et surtout américaine auront fait chou blanc. Malgré une cinquième tournée au Proche-Orient depuis le déclenchement de la riposte israélienne à l’attaque du 7 octobre, Antony Blinken n’est pas parvenu à infléchir les positions du cabinet de guerre dirigé par Benyamin Netanyahu.

De part et d’autre, les acteurs directs et indirects de ce conflit sont pressés par des agendas internes. En amont d’une élection présidentielle aux enjeux élevés et aux pronostics serrés, la Maison Blanche s’inquiète de l’impact de la perception de son engagement auprès de l’État hébreu sur son électorat, en particulier sa tranche la plus jeune et les minorités ethniques. Du côté d’Israël, Benyamin Netanyahu a les mains liées par la droite de sa coalition. Incarnée par le ministre de la Défense Yoav Gallant, elle reste sourde aux appels à la retenue émises par les familles des otages toujours retenus par le Hamas ou par l’allié américain sommé, en plus de sa propre opinion publique, par les opinions internationales lassées par le décompte morbide des morts, plus de 27 000 à ce jour, dans la bande de Gaza, de mettre un terme au massacre des civils Palestiniens.

« Une question de mois »

« Nous sommes sur le chemin de la victoire absolue. Ce n’est pas une question d’années ou de dizaines d’années, c’est une question de mois. Tsahal avance de manière systématique pour atteindre tous les objectifs que nous avons fixés : c’est-à-dire l’élimination du Hamas, la libération de tous les otages et la promesse que Gaza ne sera plus une menace pour Israël »

Benyamin Netanyahu, Premier ministre israélien

Médiée par les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, la proposition du Hamas évoquait une pause dans les combats en trois phases de 45 jours, soit 135 jours au total. Dans cet intervalle, interviendrait la libération progressive de tous les otages israéliens en échange de centaines de prisonniers palestiniens, du retrait des troupes israéliennes de Gaza et de la livraison de d’aide humanitaire à Gaza. « Bien qu’il y ait des choses inacceptables dans la réponse du Hamas, nous pensons que cela crée un espace pour parvenir à un accord, et nous y travaillerons sans relâche jusqu’à y arriver », a déclaré Antony Blinken qui maintient l’espoir d’une interruption des combats.

La proposition du Hamas rejetée, mercredi 7 février, Benyamin Netanyahu a annoncé une offensive prochaine de Tsahal sur Rafah. Or, la ville frontalière de l’Égypte abrite plus d’un million de réfugiés Palestiniens, déplacés par les combats initiés dans le nord de Gaza. Piégés d’un côté par le poste frontière fermé par l’Égypte et de l’autre par les affrontements dans la partie septentrionale de l’enclave, la population Gazaouie est en proie à une catastrophe humanitaire.

Légères prises de distance américaines

« Les Israéliens ont été déshumanisés de la manière la plus horrible le 7 octobre. Et les otages ont été déshumanisés chaque jour depuis. Mais cela ne peut pas être une autorisation pour déshumaniser les autres », déclare Antony Blinken.

Le secrétaire d’État américain estime que le bilan quotidien des opérations militaires israéliennes contre des civils innocents « reste trop élevé ». Washington demeure toutefois le principal soutien militaire et diplomatique d’Israël. Une alliance dont les conséquences abiment l’image des États-Unis et hypothèquent les chances de réélection de Joe Biden.   

Au-delà d’un cessez-le-feu, la diplomatie américaine anticipe un accord de paix plus large qui encadrerait les relations entre l’État d’Israël et un futur État de Palestine. D’autant, qu’une « voie claire, crédible et limitée dans le temps vers l’établissement d’un État palestinien » est désormais la condition formelle posée par l’Arabie saoudite avant toute normalisation de ses relations avec Israël.  

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page