MondePolitique

ONU : 168 pays votent en faveur de la création d’un État Palestinien

Vendredi 10 novembre, 168 pays de l’Assemblée générale ont voté en faveur du droit à l’autodétermination du peuple Palestinien et de la création d’un État palestinien. Toutefois, de réflexe totémique de la communauté internationale, la solution à deux États est devenue illusoire pour les principaux acteurs au conflit. Seuls 34% des Israéliens et 33% des Palestiniens la soutiennent encore.  

Encore une victoire diplomatique pour le peuple Palestinien. Après le vote du 28 octobre à l’issue duquel l’Assemblée générale de l’ONU réclamait, déjà à une large majorité (120 votes), une « trêve humanitaire immédiate » à Gaza, le 10 novembre, l’organe a, une nouvelle fois appelé au respect du droit international dans le conflit Israélo-palestinien. Prenant de la hauteur sur le conflit armé qui oppose actuellement l’État hébreu au Hamas, l’Assemblée générale a rappelé que considérer la dimension politique du conflit était essentielle pour trouver une porte de sortie à une crise longue de 75 ans.

Ainsi, lors de la troisième Commission chargée des affaires sociales, humanitaires et culturelles de l’Assemblée générale de l’ONU, 168 pays ont voté en faveur du droit à l’autodétermination du peuple Palestinien. Un vote qui s’inscrit dans le contexte d’une catastrophe humanitaire se déroulant dans la bande de Gaza. L’enclave côtière pleure plus de 11 000 tués (Hamas) depuis l’enclenchement des bombardements de Tsahal sur l’enclave côtière, en représailles aux attaques du 7 octobre dernier ayant fait 1200 morts israëliens.

Une majorité écrasante appelle à la création d’un État palestinien

La résolution réaffirme le droit du peuple Palestinien à l’autodétermination et rappelle celui d’avoir un État indépendant. De plus, le texte appelle tous les États, agences spécialisées et organisations du système onusien à s’engager aux côtés du peuple Palestinien pour faire advenir un État palestinien.  Si 168 pays ont voté en faveur du texte, cinq États s’y sont en revanche opposés. Israël, les États-Unis, les Iles Marshall, la Micronésie et Nauru ont en effet rejeté la résolution et neuf pays se sont abstenus.

En plus de défendre le droit du peuple Palestinien à l’autodétermination, la résolution appelle Tel Aviv à stopper immédiatement l’occupation des territoires palestiniens et les États membres de l’ONU à œuvrer en faveur d’un règlement de paix juste, durable et global entre Israël et l’Autorité palestinienne. Une médiation qui devra s’appuyer sur les résolutions de l’ONU ayant trait au conflit, le mandat de Madrid, l’initiative arabe de paix et la feuille de route devant aboutir à une solution à deux États.  

La solution à deux États en panne depuis 1993

30 ans après les accords d’Oslo scellés par la poignée de main historique entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat et qui coûta la vie au premier deux ans plus tard, la solution à deux États reste au point mort. Parties au conflit et observateurs doutent même de sa faisabilité politique.

La solution à deux États repose sur un tracé délimitant les territoires des deux parties en 1967. Les territoires palestiniens sont constitués de la Bande Gaza et de la Cisjordanie. Toutefois, la Cisjordanie a fait l’objet d’un découpage ultérieurement négocié. En 1995, le territoire a en effet été découpé en zones : la zone A, sous contrôle de l’Autorité palestinienne et la zone B, militairement contrôlée par Israël tout en étant elle aussi peuplée par des Palestiniens.

Si les accords d’Oslo marquent une reconnaissance mutuelle par les deux peuples de leur droit d’exister côte à côte, elle élude l’épineuse question des frontières des deux États laquelle, reste à ce jour entière et est même brouillée par la colonisation israélienne : 250 000 Juifs au sortir des accords d’Oslo et plus de 700 000 aujourd’hui, soit 5% de la population israélienne. Un mouvement encouragé par l’actuel gouvernement israélien qui affiche régulièrement son objectif d’atteindre 1 million de colons à l’horizon 2030. Sous contrôle israélien depuis 1967, Jérusalem Est est également une pomme de discorde entre les deux parties car abritant de hauts lieux de pèlerinages pour Juifs, Musulmans et Chrétiens : le Mur des Lamentations pour les premiers, l’Esplanade des Mosquées pour les deuxièmes et le Saint-Sépulcre pour les derniers. Alors qu’elle bénéficiait d’un statut à part, le consensus international a volé en éclat avec la reconnaissance par Donald Trump, de Jérusalem Est comme capitale de l’État d’Israël en 2017.

Depuis 1993, d’un côté comme de l’autre, les positions ont basculé vers la droite du spectre politique avec le Hamas côté palestinien et l’extrême droite côté israélien, partisane d’un tracé biblique de l’État d’Israël. Aujourd’hui, seuls 34% des Israéliens et 33% des Palestiniens soutiennent encore la solution à deux États. Pis, une écrasante majorité de trois quarts de part et d’autre, doute de la bonne foi de l’autre partie concernant la coexistence pacifique de deux États. Parfois avancée dans les débats, la solution à un État binational parait, au regard des tensions entre les deux parties, de leurs démographies respectives et de la Loi fondamentale israélienne faisant, depuis 2018, de l’État hébreu l’État nation du peuple Juif, aussi fantasmagorique que mirifique.   

Teria News  

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page