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L’Arabie Saoudite entre dans la danse des courtisans de l’Afrique

Et un de plus ? Ouverture du premier sommet Arabie Saoudite – Afrique ce vendredi à Riyad. Avec un milliard de dollars sur 10 ans, l’offensive du royaume vise à se positionner dans la compétition géopolitique qui oppose les grandes puissances à leurs rivales émergentes sur le continent. Marquée par un éventail de choix, l’époque pourrait être une fenêtre d’opportunités pour une Afrique avisée.

Et si l’ambition géopolitique des États se mesurait désormais à l’aune de leur politique africaine ? Le foisonnement des rencontres de haut niveau entre grandes puissances et leurs rivales émergentes d’une part et les dirigeants continentaux de l’autre, atteste à lui seul d’un regain d’intérêt pour l’Afrique. Plus encore, après les sommets France – Afrique, entre temps mués en sommets Afrique – France, les sommets Chine – Afrique, Russie – Afrique, Turquie – Afrique ou encore États-Unis – Afrique, le format bien qu’éculé, devient le marqueur d’une vision combinant hard et soft power au service d’une offensive diplomatique envers un continent au cœur des enjeux économiques, démographiques, écologiques et politiques du XXIe siècle. L’expression d’un monde en pleine mutation et dont la multipolarité accroit l’obligation de résultats sur les dirigeants africains.

Un milliard de dollars sur 10 ans

« Nous sommes attachés au développement des rapports de coopération avec les pays d’Afrique et à l’essor du commerce. Du haut de cette tribune, nous annonçons le lancement de l’Initiative de développement du Gardien des deux saintes mosquées [le roi Salmane, ndlr] d’un montant de plus d’un milliard de dollars sur 10 ans »

Mohammed ben Salman, prince héritier saoudien

« Développement et prospérité : agriculture, éducation, santé et aide humanitaire », est le thème de ce rendez-vous diplomatique. Prenant la parole ce vendredi 10 novembre, le prince héritier Mohammed ben Salman a annoncé les grandes lignes de l’Initiative de développement du roi Salmane. Soit, un plan d’un milliard de dollars à destination du continent et couvrant une période de 10 ans. Dès jeudi, douze pays africains (Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Guinée, Malawi, Mozambique, Niger, Sierra Leone, Rwanda et Tanzanie) ont signé quatorze accords de prêt avec le richissime Fonds saoudien pour le développement.

Riyad s’engage de plus à agir en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique. Par ailleurs, le royaume affiche son intention d’intervenir dans le dossier des dettes souveraines du continent alors que plane sur les finances publiques africaines le spectre d’une nouvelle crise de la dette, à l’instar des cas zambien et ghanéen, sauvés in extremis de la banqueroute.

Un hard power, vecteur de soft power

Assis sur les deuxièmes plus grandes réserves d’or noir au monde, Riyad ambitionne toutefois de diversifier son économie afin de s’émanciper de la rentre pétrolière et a, à cet égard, notamment engagé des pourparlers avec la Chine afin de se positionner dans le secteur des hautes technologies à travers des transferts de compétence dans le développement de l’intelligence artificielle, la 5G ou encore la fintech. Un après-pétrole qui se dessine sur le temps moyen à long et passe par une ouverture prospective à de nouveaux partenaires, en l’espèce africains, auxquels offrir des services.

Outre la modernisation de son économie, le royaume cherche également à étendre son influence. Sur ce terrain, l’Arabie Saoudite s’est laissée dribbler par le Qatar, son rival régional après l’Iran. Avec les chaînes Al-Jazeera, AJ+, ses investissements sportifs et jouissant d’un statut de pôle diplomatique construit sur sa figure de médiateur, récemment mise en exergue dans le conflit opposant Israël au Hamas, Doha a incontestablement une longueur d’avance. S’évertuant à corriger le tir, Riyad mise sur la géopolitique du sport avec l’achat de joueurs comme Cristiano Ronaldo et Karim Benzema (pour 200 millions de dollars chacun) et l’organisation de la coupe du monde de football édition 2034. Mais le royaume souhaite également accroitre sa visibilité sur le continent africain en finançant des projets de développement.

Ainsi, après un soft power religieux, l’Arabie Saoudite travaille son image de médiateur, principalement dans le conflit soudanais dont il parraine les pourparlers à Jeddah, mais aussi dans celui qui a opposé l’Éthiopie à l’Érythrée. Un engagement sécuritaire déjà amorcé via sa contribution financière au feu G5 Sahel.

Teria News

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