72 heures après l’émission d’un mandat d’arrêt de la CPI contre Vladimir Poutine, la visite de trois jours de Xi Jinping est un pied de nez à l’Occident. Alors que Washington et Bruxelles mettent en scène leur puissance, pourtant déclinante, par l’instrumentalisation de leviers décrépits, Moscou et Pékin orchestrent un ordre mondial alternatif.
Alors que la Chine s’est massivement impliquée dans les instances onusiennes au cours des dernières décennies, investissant dès lors dans un système international qui perpétue les rapports de forces hérités de la Seconde Guerre mondiale, en parallèle, Pékin travaille aussi à construire un ordre mondial alternatif. Dans la doctrine chinoise, l’un n’empêche pas l’autre. C’est dans cette optique qu’a été organisée la visite de Xi Jinping en Russie. En trois jours, le président chinois, récemment auréolé d’un troisième mandat de cinq ans faisant de lui le dirigeant chinois le plus puissant depuis plusieurs générations et désormais devant Mao Tse Tung, entend afficher au monde entier sa proximité avec Vladimir Poutine mais surtout, la solidité d’un couple, moteur d’une dynamique géopolitique basée sur la souveraineté, la non-ingérence et le respect des paradigmes politiques et culturels locaux.
Signature de documents importants de portée diplomatique et économique
« Notre dialogue politique est franc au maximum, alors que notre coopération stratégique est devenue exhaustive. Ce sont les relations chinoises qui sont la pierre angulaire aujourd’hui de la stabilité régionale et mondiale. Elles stimulent la croissance économique et servent de garant à un agenda positif dans les affaires internationales »
Vladimir Poutine
72 heures après l’émission d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre le président russe, le séjour de son homologue chinois revêt un sens tout particulier : « Les chiens aboient, la caravane passe ». Le couple russo-chinois n’a cure des agitations d’un Occident minoritaire, réduit à mettre en scène sa puissance déclinante par l’usage de leviers décrépits, gadgétisés par leur instrumentalisation à des fins impérialistes contre un Sud global qui reprend sa voix dans le concert des nations. Brisant l’isolement par lui orchestré, cette visite est en somme un pied de nez à l’Occident.
Outre le volet diplomatique, soit la défense d’un « véritable multilatéralisme » et d’une « multipolarité dans le monde », selon les termes de Xi Jinping, il s’agit aussi pour les deux dirigeants de créer les conditions politiques et légales d’une coopération accrue en matière économique.
Médiation de Pékin dans la guerre russo-ukrainienne
Jugée timide, la Chine s’est jusqu’ici gardée de condamner l’intervention russe en Ukraine, préférant renvoyer dos à dos Moscou et Washington pour la gestion de leurs différends post Guerre froide, en prenant toutefois le parti du Kremlin dans ses récriminations contre l’expansion de l’OTAN à l’Est de l’Europe après la chute de l’URSS et la dissolution du pacte de Varsovie.
Tiède, le « Plan de paix » publié par Pékin a été reçu avec une politesse feinte de la part de Kiev, contraint de respecter le géant chinois malgré l’amitié affichée avec son adversaire militaire. Redoutant la livraison d’armes à la Russie, l’Ukraine et ses partenaires occidentaux exhortent Xi Jinping à peser de toute son influence pour infléchir la position de Vladimir Poutine en vue de mettre un terme à la guerre. Si le conflit armé n’a pas manqué d’être débattu par les deux hommes, les déclaration publiques polissées des deux diplomaties ne laisse rien transparaitre sur le contenu des échanges.
Pékin avance prudemment mais la diplomatie chinoise, créditée du dégel des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, a prouvé savoir manœuvrer en terrain miné. Peut-être qu’ici aussi, la discrétion de son influence pourrait dissimuler des avancées significatives.
Teria News