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Sénégal : « la question juridique est réglée », estime Macky Sall sur un troisième mandat

Son deuxième mandat étant jugé « hors de portée de la réforme » constitutionnelle par les sages, Macky Sall se réserve le droit d’en briguer un troisième. Dans un entretien accordé à un média français, le président sénégalais affirme que « la question juridique est donc réglée ».

Se réfugiant derrière un avis du Conseil constitutionnel selon lequel son deuxième mandat est « hors de portée de la réforme » constitutionnelle adoptée par référendum en 2016 et instaurant le quinquennat, Macky Sall n’exclut pas de se représenter. Dans un entretien accordé au journal français L’Express, le président sénégalais rappelle qu’il en a légalement la possibilité, les sages ayant déjà réglé « la question juridique ».

Pas de doutes juridiques, mais une hésitation politique

Si l’aspect juridique de la question d’un troisième mandat a été réglée par le Conseil constitutionnel, de l’aveu même du chef d’État sénégalais, rien n’est moins sûr concernant sa portée politique. Depuis que Macky Sall a commencé à entretenir le flou sur ses intentions, le sujet trône au cœur de la vie politique sénégalaise jusqu’à empoisonner le climat socio-politique tant la société civile et l’opposition menée par Ousmane Sonko rejette cette éventualité.

La possibilité ouverte par le président sénégalais est d’autant moins acceptée par l’opinion qu’il s’était engagé à ne pas briguer un troisième mandat et avait bénéficié de la mobilisation contre les ambitions analogues de son prédécesseur. Mais depuis, Macky Sall est revenu sur sa parole, donnée en 2019. « Je ne me dédis pas », se défend-il pourtant, arguant qu’il ne s’agissait que de la « conviction du moment ». S’accordant le droit de changer d’avis, le chef d’État estime qu’il « peut évoluer et les circonstances peuvent [l’amener] à changer de position ».

D’ores et déjà, les membres de la mouvance présidentielle ont entrepris de changer le narratif, mais sans grand succès. Récusant les termes, chargés, de « troisième mandat », ils préfèrent leur substituer ceux, plus neutres, de « second quinquennat ».

Le troisième mandat, une poudrière politique

Reste que la question du troisième mandat alimente de nombreuses tensions. Arrestations, limitation du droit de manifester, instrumentalisation de la justice, opposition et société civile la créditent même d’être le moteur de la contraction des libertés publiques, symptomatique d’un tournant répressif de la part du régime de Macky Sall. Au centre de ces récriminations contre les autorités figure le sort réservé à Ousmane Sonko. Arrivé troisième à la présidentielle de 2019, le leader du Pastef devenu maire de Ziguinchor, est aujourd’hui la tête de proue de l’opposition rassemblée sous la bannière de la coalition Yewi Askan Wi et l’adversaire désigné du candidat de la mouvance présidentielle.

Mais voilà, pèse sur lui et ses ambitions, l’épée Damoclès de l’inéligibilité alors que deux actions judiciaires ont été attentées à son encontre. La première pour viol contre l’employée d’un salon de massage de Dakar. La seconde pour diffamation contre le ministre du Tourisme. Deux dossiers qu’Ousmane Sonko et sa coalition dénoncent comme des manœuvres visant à faire barrage à sa candidature à la présidentielle de 2024.

Dans cet environnement crisogène, encore électrisé par les évènements du 16 mars, la sortie du président sénégalais n’est pas de nature à rassurer l’opinion nationale. Ceci, au risque de convoquer le spectre des protestations de mars 2021, mais également celles de 2012 contre les velléités de troisième mandat alors portées par le président Abdoulaye Wade.

Teria News

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