EconomieMonde

Guerre du pétrole : offensive des États-Unis contre l’OPEP

Alors que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) lui tient farouchement tête, Washington a décidé de sortir son arme fatale : l’extraterritorialité du droit américain. Quelle sera la réponse de la Russie? Les enjeux de cette nouvelle guerre du pétrole.

C’est le nerf de la guerre, le sang de la géopolitique. Il coule dans les oléoducs ou se meut via les tankers, par voie maritime. Le pétrole est au cœur du conflit russo-ukrainien, ou plutôt de la nouvelle Guerre froide entre les États-Unis et la Russie. Désormais premier producteur mondial grâce à la fracturation hydraulique, seule capable de faire jaillir l’or noir du sous-sol américain, quitte à faire peser un coût environnemental exorbitant sur son extraction, l’Oncle Sam, pour revendiquer sa suprématie énergétique, doit encore soumettre l’OPEP.

Rebelle, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole s’est jusqu’à présent montrée rétive aux assauts des États-Unis visant à lui faire augmenter sa production. Pour Washington, l’enjeu est crucial : lutter contre l’inflation historique qui fait gronder l’orage sur l’issue des Midterms de novembre côté démocrate, en faisant baisser les prix à la pompe.

L’OPEP aux commandes des cours mondiaux de pétrole

Avec la production de 30 % du pétrole mondial, l’OPEP fixe l’offre mondiale d’or noir et son prix. Mais le groupe est traversé par de grandes disparités. Ainsi, l’Arabie saoudite et la Russie produisent à eux-seuls plus de 20 millions de barils par jour.

Répondant à l’augmentation brusque de la demande, concomitante à la reprise économique qui a suivi la fin de la pandémie, le cartel a accéléré sa production mais oppose cette fois une fin de non-recevoir aux États-Unis.

C’est l’impact de la guerre en Ukraine que Washington cherche à contourner. Les acheteurs d’or noir craignent une pénurie, éventuellement causée si un embargo sur le pétrole russe était voté par l’Union européenne qui s’annonce d’ores et déjà progressif. Après celui acté par les États-Unis, cela réduirait drastiquement l’offre de brut. Face aux dangers de flambée des prix, Arabie saoudite et Émirats arabes unis, traditionnels alliés de l’Ouest, sont sollicités dans l’effort de guerre. Mais jusqu’ici, sans résultats, les deux pays se réfugiant derrière le caractère purement spéculatif de la présente envolée des cours, pour eux, sans réelle menace.

De plus, la Russie étant un acteur central de l’OPEP, impossible pour les autres États membres de faire sans son accord. Mais en refusant ainsi de remplacer le pétrole russe, Arabie saoudite et Émirats arabes unis se dérobent surtout au clash qui oppose la Russie à l’Occident. Le signe que malgré les assauts américains, l’axe Moscou-Riyad tient bon.   

Le droit américain, le bazooka pour faire plier l’OPEP ?

En réponse à l’intransigeance de l’OPEP, les États-Unis affutent leur arme la plus redoutable : le droit américain et son caractère extraterritorial. Ainsi, le Sénat américain examine actuellement un projet de loi qui exposerait les pays du cartel à des poursuites judiciaires pour « complot en vue de faire monter les prix du brut ». Le « No Oil Producing or Exporting Cartels » Act (NOPEC) fera-t-il plier l’organisation?  

« Aujourd’hui, compte tenu de la flambée des prix de l’énergie et des engagements de l’administration avec les producteurs de pétrole étrangers, il n’a jamais été aussi important de garantir des pratiques équitables en matière de prix et de production »

Taylor Foy, porte-parole du Sénateur Chuck Grassley, rapporteur du projet

Une chose est sure. Face à une inflation galopante qui fait réduire le pouvoir d’achat des américains comme peau de chagrin, le consensus bipartisan au Congrès est assuré. Reste à connaitre la riposte de l’OPEP et plus particulièrement, de la Russie.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page