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Burkina Faso : Roch Marc Christian Kaboré coupe internet à la demande de la France

Roch Marc Christian Kaboré aurait-il coupé internet dans le pays à la demande de la France ? La restriction est intervenue après que le ministre français des affaires étrangères lui a demandé d’aider à censurer les internautes. À quand la fin des présidents africains aux ordres ?

La France a le rouge aux joues avec l’affaire de Kaya. L’immobilisation d’un convoi de l’armée française dans la petite localité burkinabè fait tache pour un pays qui affirme être présent au Sahel « à la demande » des chefs d’État de la région. Force est de constater qu’en l’espèce, ces derniers ne sont pas en accord avec la volonté de leurs peuples respectifs. Impuissantes devant la détermination des militants de Kaya, les autorités françaises ont, en somme, demandé à Roch Marc Christian Kaboré de limiter l’accès à internet dans le pays.

« Il y a des manipulateurs là aussi par les réseaux sociaux, par les fausses nouvelles, par l’instrumentalisation d’une partie de la presse qui joue contre la France, parfois même inspirée par des réseaux européens… Nous avons fait savoir au président Kaboré que nous souhaitions qu’il aide à régler cette situation à Kaya »

Jean-Yves le Drian, Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, dimanche 21 novembre

« Je pense que ça va se régler, mais ça peut être un peu tendu pour des raisons à la fois internes, et parfois externes, puisqu’il y a des relais d’opinion qui font aussi de la guerre informatique », a ajouté le ministre français des Affaires étrangères.

Deux jours plus tard, dans un communiqué daté du 22 novembre 2021, signé par le ministre burkinabè de la Communication et des Relations avec le Parlement, Ousseni Tamboura, le gouvernement burkinabè avoue sa responsabilité dans la coupure d’internet en se basant sur la loi relative à la qualité et sécurité des réseaux et services et au respect des obligations de défense nationale et de sécurité publique.

Rappelons qu’en 2016, les Nations unies avaient déclaré l’accessibilité à internet comme un droit fondamental en estimant que « les mêmes droits dont les personnes disposent hors ligne doivent être aussi protégés en ligne, en particulier la liberté d’expression ». Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU avait alors condamné « sans équivoque les mesures qui visent à empêcher ou à perturber délibérément l’accès à l’information ou la diffusion d’informations en ligne ». S’appuyant sur l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui encadre le droit à la liberté d’opinion et d’expression depuis 1948, le Conseil a appelé « tous les États à aborder les questions de sécurité sur internet conformément à leurs obligations internationales en matière de droits de l’Homme, pour assurer la protection de la liberté d’expression, la liberté d’association, la vie privée et d’autres droits de l’Homme en ligne. »

Ainsi, la France, qui revendique la paternité des Droits de l’Homme, a incité un président africain à les bafouer, afin de défendre ses intérêts locaux. L’objectif étant de limiter la liberté de ton des réseaux sociaux et la capacité de rassemblement des militants anti présence française (non pas anti peuple français) à partir de ceux-ci et donc, d’éviter que le mouvement ne fasse tache d’huile.

Teria News

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