Chronique

Chronique : quand le réchauffement climatique paupérise les agriculteurs

Sécheresse en saison de pluie, pluies diluviennes en saison sèche, la météo toujours plus détraquée année après année enfonce les agriculteurs dans l’extrême pauvreté. Le réchauffement climatique participe aussi à la flambée des prix des produits vivriers. Il est urgent de mettre fin à l’ingratitude vis-à-vis du secteur pourvoyeur de notre bien-être primaire.

« Agriculteur africain, je ne dispose de réelles subventions du pouvoir central, je n’ai autre alternative que de me référer aux caisses et mutuelles locales pour avoir un modique financement en vue de nourrir la population citadine et tirer bénéfice de la saison pluvieuse. Mais c’est sans compter avec le changement climatique dont les aléas se font de plus en plus sentir. Obligé de compter sur la force physique, je me tue à petit feu emblavant quelques hectares à la daba. À la veille de la rentrée scolaire, endetté jusqu’au cou, je viens d’essuyer une fois encore les caprices de dame nature. La rareté et la forte pluviométrie décalée ont fini d’achever tous les efforts consentis cette saison. Personne ne se préoccupe de moi au sein de la république si ce n’est pour les cultures de rente, pourtant je les entends crier à qui veut l’entendre « cherté des cultures vivrières ». Comment vais-je rembourser mes dettes et envoyer mes progénitures à l’école ? Comment convaincre les plus jeunes du village de rester attachés au travail de la terre ? ».

Le monologue du paysan africain est une interpellation à tous dans notre quotidien en tant que peuples et dirigeants africains n’hésitant à mordre la main qui nous nourrit sainement pour embrasser celle qui nous soumet et nous rend malade à force d’organismes génétiquement modifiés. Le tribut de notre insouciance s’alourdit d’année en année car nous sommes ceux qui polluent le moins mais qui subissons de plein fouet les réprimandes de dame Nature.

L’agriculture demeure archaïque et au bas de l’échelle sociale bien qu’ayant le plus grand pourcentage d’actifs d’où la paupérisation et la soumission accrue aux forces étrangères. Il est un secret de polichinelle de voir la majorité de nos terres bradées à des étrangers qui n’ont cure de notre mieux être. Face à ce tableau affligeant, les jeunes fuient nos localités rurales dans un élan d’exode omnibulés par les paillettes et autres illusions d’aisance citadine.

La norme bio qui était la chose la mieux partagée en matière d’alimentation sur le continent se voit tordre le cou par les angrais chimiques polluant les nappes phréatiques pour générer des maux endémiques. Continuons à creuser nos tombes avec nos dents et nos pays seront bientôt de vastes cimetières désertiques. Les politiques agricoles pilotées de l’extérieur pour satisfaire les besoins de leurs usines auront à coup sûr raison de nous. Dame Covid, avec ses corollaires que sont les crises économique et alimentaire, finira de nous achever si nous ne sauvons in extremis notre secteur agricole en priorisant l’auto-suffisance alimentaire de nos populations grâce à la production massive de cultures vivrières, le soutien financier au monde agricole par la création de fonds et banques agricoles, l’appui technique grâce aux angrais et pesticides bio ainsi que la mécanisation responsable de notre agriculture.

Il est temps de mettre fin à l’ingratitude vis-à-vis du secteur pourvoyeur de notre bien-être primaire. L’urgence est d’autant prononcée que la crise alimentaire et la cherté des denrées se veulent globales, d’où chaque région doit plus que jamais adopter une stratégie protectionniste afin de compter se tirer d’affaires sans séquelles majeures.

L’Eveilleur de Conscience Panafricaine

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