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Nigéria: le dirigeant séparatiste pro-Biafra Nnamdi Kanu arrêté et incarcéré

Le Nigéria a annoncé avoir arrêté, mardi 29 juin, le leader du mouvement indépendantiste pro-Biafra, Nnamdi Kanu. Le « Moïse » Biafrais est considéré comme une réelle menace de résurgence de la guerre du Biafra (1967-1970) qui a fait plus d’un million de morts. Son procès pour « terrorisme » s’ouvre le 26 Juillet prochain.

Pour les autorités nigérianes, qui n’ont pas précisé dans quel pays Nnamdi Kanu a été appréhendé, le seul nom du leader indépendantiste Biafrais agite le spectre d’un nouveau conflit au Biafra. Du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970, la guerre du Biafra, qui a opposé les autorités centrales nigérianes à l’éphémère République du Biafra (sud-est du Nigeria), a fait plus d’un million de morts et déplacé plus de deux millions de personnes.

Un mouvement de 75 groupes du nord du Nigeria, a mis à prix la tête de Nnamdi Kanu pour 100 millions de nairas. Par ses discours, le leader sécessionniste est jugé responsable de meurtres d’hommes d’affaire originaires du nord du Nigeria travaillant dans le sud.

Qui est Nnamdi Kanu ?

C’est en 2009 que Nnamdi Kanu commence à faire parler de lui avec la création de Radio Biafra. Émettant depuis Londres, les ondes de Radio Biafra diffusaient des programmes destinés aux Igbos qui pleurent encore leurs rêves d’indépendance avortés. Nnamdi Kanu rejoint le Mouvement pour la réalisation de l’État souverain du Biafra (Massob), avant de fonder le mouvement des Peuples autochtones du Biafra (IPOB) en 2013.

Nnamdi Kanu a l’art de souffler sur les braises de la guerre civile nigériane. Un séjour en Israël a transformé son discours séparatiste. De retour de l’État hébreu, il a commencé à affirmer que les Igbos descendent d’une tribu d’Israel et avoir reçu pour appel de les conduire dans un Biafra indépendant, leur terre promise. Ce Moïse autoproclamé redouble d’ardeur pour réclamer l’indépendance du Biafra et exiger le départ des autorités nigérianes de ce territoire.

De la théorie à la pratique

2015 est un tournant. Lors du congrès mondial Igbo à Los Angeles, le leader de l’IPOB appelle alors ses soutiens à un soulèvement armé. « Nous avons besoin d’armes et nous avons besoin de balles […] Si nous n’obtenons pas [la création du] Biafra, tout le monde devra mourir », lance-t-il.

De retour au Nigeria, Nnamdi Kanu est arrêté et détenu pour trahison. Libéré sous caution 10 mois plus tard, il se déclare « plus déterminé que jamais ». Malgré la confiscation de ses passeports britannique et nigérian, il échappe aux autorités nigérianes en 2017. Sa famille et ses partisans accusent alors le gouvernement nigérian et les forces armées d’avoir fait disparaitre le leader de l’IPOB. Il refait surface en octobre 2018, dans une vidéo où il est vu en train de prier en Israël.

En décembre 2020, Nnamdi Kanu annonce la formation de l’Eastern Security Network (ESN), le bras armé de l’IPOB. En décembre 2020 à Orlu, l’ESN affronte l’armée nigériane et la repousse momentanément, avant d’être vaincue. Les autorités affirment que le groupe est responsable d’attaques ces dernières semaines, notamment d’incendies criminels.

« Ceux qui se comportent mal aujourd’hui [seront traités] dans la langue qu’ils comprennent »

Muhammadu Buhari

Au nombre des bêtes noires d’Abuja, le compte Facebook de Nnamdi Kanu est supprimé en février 2021. Depuis actif sur Twitter, ses passes d’arme avec le président Muhammadu Buhari ont contribué à la suspension, le 5 juin dernier, du réseau social dans le pays.

Lire ou relire : Nigeria, le gouvernement suspend Twitter « pour une durée indéterminée »

Jack Dorsey, président de Twitter accusé d’ingérence, s’est appuyé sur un tweet du chef d’État Nigérian pour suspendre son compte. Muhammadu Buhari avait averti les séparatistes Biafrais que « Ceux qui se comportent mal aujourd’hui [seraient traités dans] la langue qu’ils comprendront ». Le président Nigérian faisait partie de l’armée victorieuse de la République du Biafra.

Teria News

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