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Tchad : Le président Idriss Déby est mort, annonce l’armée

A peine réélu à la tête du Tchad avec 79.32% des suffrages, Idriss Déby Itno décède après avoir passé 30 ans au pouvoir. Ce mardi 20 avril, il aurait succombé à des blessures reçues au cours des affrontements entre son armée et les rebelles du nord tchadien qui ont eu lieu le weekend dernier. La France, qui l’a installé en 1990 et soutenu jusqu’à présent a-t-elle lâché un ami devenu trop encombrant ?

Le président tchadien Idriss Déby est mort mardi des suites de blessures reçues alors qu’il commandait son armée dans des combats contre des rebelles dans le Nord durant le week-end. A 68 ans, il régnait en autocrate sur le Tchad depuis son coup d’État le 2 décembre 1990, mené avec le soutien de la France. L’armée affirme qu’Idriss Déby, qui s’était lui-même élevé au rang de maréchal lors de la célébration des 60 ans d’indépendance du Tchad, est mort sur le front, aux prises avec les rebelles qu’il n’a jamais réussi à soumettre à son pouvoir.

« Le président de la république, chef de l’État, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad », a annoncé le porte-parole de l’armée, le général Azem Bermandoa Agouna, dans un communiqué lu à l’antenne de TV Tchad.

« Le président de la république, chef de l’État, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad »

Général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l’armée

Lundi déjà, plusieurs ministres et officiers de hauts rangs avait annoncé qu’Idriss Déby avait pris place sur le front aux côtés de son armée samedi et dimanche pour défendre son régime contre une colonne de rebelles, laquelle avait lancé une énième offensive à partir de bases arrières en Libye le 11 avril, soit le jour de la présidentielle, officiellement remportée par Déby.

La veille, les institutions électorales créditaient Idriss Déby de 79,32% à la sortie des urnes, ce qui lui accordait six années supplémentaires à la tête du Tchad.

La France a-t-elle lâché son « rempart contre le terrorisme » ?

Tout comme d’autres autocrates du continent, Idriss Déby était activement soutenu par la France au motif qu’il faisait barrage à la propagation du terrorisme dans la région. C’est à ce titre que Paris, après l’avoir installé au pouvoir en 1990, a soutenu son régime. D’une part financièrement, en renflouant régulièrement les caisses vides de l’Etat pour payer les fonctionnaires. D’autre part militairement, le pouvoir Déby étant régulièrement menacé par les assauts rebelles, un des derniers exemples étant le bombardement d’une colonne rebelle avec des Mirages 2000, basés à N’Djamena, présentée par Paris comme « terroriste », pour sauver le régime Déby de la chute.

Mais avec les scandales de corruption et d’atteinte aux droits de l’homme, dont le raid meurtrier mené en mars contre le domicile de Yaya Dillo, ancien proche du régime devenu opposant qui y a notamment perdu sa mère et un neveu, Idriss Déby était également, depuis quelques temps un « ami encombrant » pour la France.

A la lumière de ces précédents et des risques que la France a, par le passé, pris pour protéger Idriss Déby, d’aucun s’interrogent : est-ce la raison pour laquelle les Mirages, pourtant toujours positionnés dans la capitale tchadienne, n’ont cette fois pas décollé ? La France a-t-elle décidé de lâcher son ami de 30 ans, décidément trop gênant au point d’être devenu plus un point faible qu’un atout dans la région ?

Sa mort, intervenue dans cette période charnière, pourrait ouvrir une ère d’instabilité au Tchad. Ce, d’autant que son pouvoir était depuis des années illégitime aux yeux de nombreux tchadiens. Rappelons qu’un régime fort est en réalité un régime faible, car, reposant sur le levier de la peur et de la répression, il fonctionne sans le consentement du peuple, sans Contrat social dûment établi et respecté par gouvernants et gouvernés.

Teria News

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