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Le Sénégal produit son premier baril de pétrole

Démarrage officiel de la production de pétrole. Les premières gouttes d’or noir ont coulé ce mardi 11 juin du champ Sangomar, exploité par la compagnie australienne Woodside Energy. Avec une production hydrocarbure à plein régime, Dakar espère plus d’un milliard de dollars par an. Quid des audits annoncés par le nouvel exécutif ?

Ce mardi 11 juin marque un changement de statut pour le Sénégal qui devient officiellement un pays producteur de pétrole. Avec un premier baril extrait du champ Sangomar, Dakar concrétise les années de prospection, puis de tractations qui ont encadré la découverte, en 2014, d’importants gisements d’hydrocarbures au large des côtes sénégalaises.

Situé à envirions 100 km du sud de la capitale, le champ de Sangomar regorge de pétrole et de gaz. 5 milliards de dollars d’investissement ont été nécessaires pour que le projet, démarré en 2020, voie le jour. Woodside Energy, la compagnie australienne retenue pour exploiter les gisements, en attend 100.000 barils quotidiens.

Du pétrole oui, mais surtout du gaz

« Le démarrage de la production du pétrole de Sangomar marque une nouvelle ère pour l’industrie, l’économie de notre pays et pour les populations »

Directeur général de la société pétrolière du Sénégal (Petrosen- entreprise d’État) détentrice de 18% dans le projet

L’exploitation de Sangomar est le prélude au démarrage du principal projet d’hydrocarbures du Sénégal : le site de Grand tortue/Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie voisine. Développé par British petroleum et Kosmos Energy, il devrait produire 2.5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. Une fois tous ces projets amorcés, le Sénégal anticipe des recettes fiscales d’un milliard de dollars par an. De quoi transformer l’économie nationale, sortir des millions de personnes de la pauvreté et renforcer la classe moyenne, si accompagné d’une gouvernance aussi rigoureuse que transparente.

Le défi des autorités sera de déjouer la malédiction des ressources qui, dans de nombreux pays africains, se manifeste par une corruption endémique, des écarts de revenu causés par une répartition inéquitable des richesses ainsi qu’une paresse des gouvernants lesquels ont tendance à faire de leur sous-sol le socle du développement de leur pays, voire même des conflits comme au Libéria, en Sierra Leone ou en République démocratique du Congo.

Où en sont les audits pétroliers ?

Quid des audits minier, gazier et pétrolier, voire la renégociation des contrats avec les multinationales partenaires de l’État sénégalais, pourtant fer de lance de la gouvernance vertueuse promise par le couple exécutif Faye/Sonko ? Lancés dans la foulée de l’investiture de Bassirou Diomaye Faye le 2 avril passé, l’exploitation a démarré avant que les procédures n’aient abouti. Faut-il y voir le signe d’un renoncement, d’une impuissance ou du pragmatisme des nouvelles autorités sénégalaises ?

Le démarrage, souhaité et appelé de ses vœux par le peuple sénégalais complexifie la faisabilité des ajustements qui pourraient être recommandés par les différents audits. Accompagner la mesure d’un moratoire aurait fait sens au vu des soupçons pesant sur ces contrats. Conclus sous Macky Sall dans une opacité dénoncée par la société civile, le flou entretenu par l’ancien régime autour de ces contrats, rejetés comme léonins par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, est un des ressorts de leur accession au pouvoir. « C’est nous qui vous avions promis qu’on allait renégocier les contrats et nous allons le faire, et on a même déjà commencé », s’est à nouveau engagé Ousmane Sonko dimanche, auprès de soutiens rassemblés dans le cadre d’un meeting.

Outre la question de la répartition équitable de la manne pétrolière et gazière, l’exploitation des ressources pose également la question de la dépendance des pays africains aux matières premières, tributaires de cours fluctuants. Pour compenser leurs caprices, elle doit s’accompagner de projets de raffinage et de transformation nationale en divers produits pétroliers. Une création de valeur locale indispensable à un essor véritablement inclusif.

Teria News

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