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Sénégal : Macky Sall accusé de « mauvaise volonté »

« Tout fonctionne au rythme de la mauvaise volonté du président Macky Sall. » Au Sénégal, une semaine après l’invalidation du report de la présidentielle par le Conseil constitutionnel, 15 candidats accusent le président sénégalais de freiner délibérément le processus électoral. Il est reproché à l’exécutif de jouer sur les mots, pour mieux jouer la montre.

Le pouvoir sénégalais s’appuie-t-il sur les termes choisis par les Sages dans leur décision, rendue le 15 février dernier, pour gagner du temps ? C’est l’avis d’une majorité de candidats à la présidentielle. Dans un communiqué publié mardi soir, 15 d’entre eux dénoncent la « mauvaise volonté » du président Macky Sall. Après le revers infligé par le Conseil constitutionnel révoquant le décret qui annulait la convocation du corps électoral pour le 25 février et invalidant le report du scrutin présidentiel au 15 décembre voté par l’Assemblé nationale, l’exécutif sénégalais ne serait pas pressé d’annoncer un nouveau calendrier électoral respectant la fin constitutionnelle du mandat de Macky Sall, soit le 2 avril prochain.   

Le pouvoir joue-t-il la montre ?

Tout en infligeant un camouflet au président sénégalais, les Sages lui ont peut-être, à travers la tournure choisie dans leur décision historique, permis de se ménager une marge de manœuvre. La nature interprétative du droit peut ouvrir la voie à une application tortueuse et c’est ce qui semble se passer au pays de la Teranga. Entre « dans les plus brefs délais » et « dans les meilleurs délais », il n’y a qu’une nuance, mais dans laquelle peuvent s’engouffrer des semaines, voire des mois.

Préférée par le Conseil constitutionnel, la dernière formule permettrait à l’exécutif de privilégier une organisation optimale à une nouvelle convocation du corps électoral dans l’urgence. S’appuyant sur les mots pour jouer la montre, le président Macky Sall serait ainsi en mesure de faire trainer les choses. Ceci, alors que le collectif citoyen « Aar Sunu Election » (« protégeons notre élection »), qui a annoncé une nouvelle manifestation samedi 24 février afin de maintenir la pression sur l’exécutif, estime que l’élection doit se tenir au plus tard le 3 mars. La veille du jour initial de vote, le collectif a demandé aux manifestants de venir symboliquement avec leur carte d’électeur ainsi qu’avec des denrées ou des boissons pour ce qui se présente comme le « pot de départ » de Macky Sall. « Aar Sunu Election » invite aussi les Sénégalais à se rendre symboliquement dimanche dans les bureaux de vote.  

Un dialogue politique houleux  

« Tout porte à croire que Macky Sall n’arrive pas à digérer la mise en échec par le Conseil constitutionnel et le peuple de sa tentative de saboter l’élection présidentielle »

Dans le cadre des consultations que l’exécutif a accepté d’organiser, en application de la décision du Conseil constitutionnel, les échanges avec les candidats, désormais au nombre de 19 suite au retrait de Rose Wardini (en raison de sa binationalité), n’ont toujours pas abouti au choix consensuel d’une nouvelle date de scrutin. De plus, quinze d’entre eux estiment que le processus électoral aurait dû reprendre et accusent le chef d’État sénégalais de refuser d’assumer sa mission d’organiser l’élection. « Tout porte à croire que Macky Sall n’arrive pas à digérer la mise en échec par le Conseil constitutionnel et le peuple de sa tentative de saboter l’élection présidentielle », dénoncent-ils. Ils annoncent, sans plus de précisions, « une série d’actions visant à garantir la tenue du scrutin dans les délais impartis ».

Outre l’annonce d’un nouveau calendrier, les consultations portent également sur la question d’une éventuelle reprise du processus de validation des candidatures. Réclamé par Karim Wade et son parti, le PDS, une telle option aurait pour conséquence d’étirer le chronogramme au-delà même de la fin du mandat du président Macky Sall, malgré la mise en garde des Sages.

Dans ce contexte d’incertitude, la libération de centaines de prisonniers politiques a contribué à apaiser sensiblement le climat sociopolitique. Reste posé à cet égard, le sort du chef de file de l’opposition Ousmane Sonko et de son dauphin Bassirou Diomaye Faye. Annoncé ce jeudi soir devant la presse, le président sénégalais pourrait apporter des réponses à toutes ces interrogations et clore cette nouvelle période de turbulences qui a fait 3 morts depuis le 3 février et l’annonce du report sine die de l’élection.

Teria News

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