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Niger / CEDEAO : L’option militaire définitivement enterrée ?

Trois mois après le renversement de Mohamed Bazoum et malgré les menaces répétées d’une intervention militaire, la CEDEAO aurait définitivement fait marche arrière. Début novembre, le président Alassane Ouattara aurait démobilisé les troupes ivoiriennes devant y participer. Médiateur des pays frondeurs et aujourd’hui du Niger, le Togo émerge comme pôle de la diplomatie sous-régionale.

Fer de lance du recours à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger après le coup d’État du 26 juillet ayant alors renversé Mohamed Bazoum, Alassane Ouattara aurait fait marche arrière. Selon le magazine Jeune Afrique, le président ivoirien a abandonné le projet d’une intervention militaire coordonnée par les chefs d’état-major de la CEDEAO. Malgré les menaces, plusieurs fois réitérées par les chefs d’État de l’organisation communautaire au cours du mois d’août, Abuja aurait renoncé à l’option militaire. Trois mois après le putsch des hommes du CNSP, sur le terrain, l’ordre serait à la démobilisation.

Un état-major réticent à donner l’assaut

Toujours selon Jeune Afrique, la décision du président ivoirien a été motivée par plusieurs rapports émanant de son état-major. Ce dernier estimait le coût humain d’une intervention militaire trop élevé. Au début de ce mois de novembre, Alassane Ouattara a ainsi démobilisé les 700 à 800 soldats ivoiriens qui devaient participer à l’offensive au sein d’une coalition de la CEDEAO. L’institution est muette sur le dossier depuis l’apparition de dissentions entre ses États membres, en particulier dans le contexte interne de la vive opposition politique et sociale qu’a soulevé le projet contre Bola Tinubu. Fraichement élu, à la fois à la tête du Nigeria et de la CEDEAO, le successeur de Muhammadu Buhari a été contraint de composer avec des forces hostiles et de freiner des quatre fers.

Outre la retenue du président nigérian, le bloc communautaire a surtout été fissuré par la vive opposition du Mali et du Burkina Faso lesquels, ont fait planer sur l’organisation l’éventualité d’une guerre fratricide et d’une dislocation. Ajoutant le geste à la parole, le 16 septembre, les deux États se sont unis au Niger au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), soit l’accélération d’un calendrier panafricain comme levier de pression militaire et politique sur la CEDEAO.

Togo, médiateur des pays frondeurs

Après s’être illustré dans les dossiers malien d’une part, où Lomé a facilité le dialogue entre les autorités de Transitions, alors ostracisées par la CEDEAO et sur le coup de lourdes sanctions communautaires, et d’autre part, des 49 militaires ivoiriens retenus par Bamako qui les accusait de déstabilisation, le Togo prend également les rênes de la normalisation des relations entre le CNSP nigérien et la communauté internationale.

« Nous demandons au Togo, notre pays frère, au vu de ce qu’il continue à nous donner, d’être notre garant » dans le cadre de l’accord encadrant le retrait militaire français, qui « progresse » et se déroule « normalement », a également déclaré le général Salifou Mody, ministre nigérien de la Défense, lundi 6 novembre. Le ministre togolais des affaires étrangères, Robert Dussey, a de plus remercié les autorités nigériennes « d’avoir désigné, aux côtés des États-Unis d’Amérique, le Togo comme pays garant du retrait des forces françaises ». Jouant le jeu de la carotte et du bâton en reconnaissant le CNSP tout en retirant le pays de l’AGOA, Washington a ainsi, au nom de l’Occident, repris la main des affaires nigériennes et plus largement africaines, à la France.

Il faut dire que Lomé a refusé de prendre par à l’intervention militaire de la CEDEAO et fut la première à accueillir les putschistes nigériens au sein de son Forum dédié à la Paix et la Sécurité régionales. En travaillant son image de médiateur dans les crises sous-régionales, le régime de Faure Gnassingbé s’érige ainsi en pôle diplomatique. De quoi faire oublier aux opinions publiques africaines l’impasse du dialogue politique national et l’intransigeance du pouvoir togolais face à tout mouvement d’ouverture ?

En attendant, depuis la fin de non-recevoir opposée par la CEDEAO à la proposition nigérienne d’une transition de 3 ans (maximum), la confusion Abuja-Niamey autour d’un accord mutuel portant sur un calendrier de 9 mois et le cafouillage sur la médiation algérienne, avortée avant d’avoir commencé, les négociations étaient au point mort. Niamey a, entre temps, précisé que la durée de transition, au centre des tractations, sera déterminée par un « forum national inclusif ».

Teria News

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