Un collectif de la société civile appelle à la tenue d’un dialogue direct entre Macky Sall et Ousmane Sonko en vue d’« une sortie de crise immédiate ». Après des émeutes qui ont fait 16 morts et plus de 350 blessés, un calme précaire s’est installé à Dakar. Mais d’autres acteurs dénoncent la présence de « nervis », une police parallèle au service du pouvoir.
L’appel est venu de la « Synergie des organisations de la société civile pour la paix » (SOS/Paix). Lundi, le collectif qui regroupe 20 associations de la société civile, a appelé à « un dialogue direct » entre le président sénégalais Macky Sall et le chef de l’opposition Ousmane Sonko. Objectif : convenir d’une feuille de route commune pour parvenir à « une sortie de crise immédiate ».
Depuis l’éruption de violences survenue jeudi dans la foulée de la condamnation du leader du Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) à 2 ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », le climat des centres urbains du Sénégal, principalement Dakar et Ziguinchor, oscille entre violences sporadiques et calme précaire.
Quelle place pour un dialogue constructif ?
« Pour une sortie de crise immédiate, nous appelons à un dialogue direct entre les deux principaux protagonistes de ces événements, le président de la République, Macky Sall, et l’opposant Ousmane Sonko, président de Pastef »
SOS/Paix, lundi 5 juin
Mais ce dialogue qu’appelle de ses vœux le collectif entre Ousmane Sonko et Macky Sall est-il encore possible ? Ou la rivalité entre les deux protagonistes de l’échiquier politique sénégalais a-t-elle déjà atteint un point de non-retour ? Par tribunes, tribunaux et partisans interposés, l’adversité politique entre les deux hommes a conduit à une polarisation inédite de la scène politique nationale de telle sorte qu’il est difficile d’entrevoir un apaisement, pourtant urgent.
La logique jusqu’au-boutiste du pouvoir a brûlé tous les ponts, ou presque, avec l’opposition. Conçu comme une porte de sortie à la crise, le « Dialogue politique » lancé le 31 mai par le président Macky Sall, soit la veille de la condamnation d’Ousmane Sonko, apparait d’office comme mort-né. Plusieurs cadres de la coalition Yewwi Askan Wi (à l’exception notable du chef du Pastef), qui avaient pourtant répondu à l’appel de Macky Sall ont, dès le 1er juin, appelé à la démission du président sénégalais. Difficile pour eux dorénavant de justifier de dialoguer avec un chef d’État dénoncé comme illégitime et qui continue d’entretenir le flou sur ses ambitions.
Des « nervis » recrutés par le pouvoir ?
Leur présence est dénoncée par plusieurs acteurs politiques et de la société civile. Mercenaires de la rue, ces fauteurs de trouble agiraient-ils clandestinement pour le compte du pouvoir ? La présence de plusieurs dizaines de pick-up blancs non immatriculés, stationnant depuis dimanche devant le siège de l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, dans le quartier de Mermoz, interroge. D’autant que des témoins affirment avoir vu des jeunes sortir de l’immeuble avant de monter à bord des voitures.
faire face à qui que ce soit. Notre parti a toujours disposé d’un parc automobile », explique pour sa part le député Abdou Mbow, porte-parole adjoint du parti.
Un calme précaire s’est installé dans les centres urbains du pays dont la capitale sénégalaise où Ousmane Sonko est toujours assigné à résidence. Coupé par plages horaires, internet reste difficilement accessible, ce qui ralentit considérablement l’activité économique nationale.
Teria News