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Mali : Bamako contre-attaque après le rapport de l’ONU sur Moura

Menacé d’être traduit devant la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité après un rapport onusien accablant sur les évènements de Moura, le Mali riposte. Bamako lance à son tour une enquête contre le Bureau des droits de l’homme de l’ONU pour « espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’État » et pour « complot militaire ».  

Le bras de fer entre le Mali et la « communauté internationale » sur le théâtre de la guerre communicationnelle a franchi un nouveau palier. La publication, vendredi 12 mai, d’un rapport onusien sur les évènements de Moura, survenus en mars 2022, a jeté un nouveau froid entre les autorités maliennes de Transition et l’institution.

Accablant, le document accuse l’armée malienne et des combattants « étrangers » d’avoir exécuté au moins 500 personnes lors d’une opération antiterroriste dans ce village situé au centre du pays. À partir d’une enquête diligentée par la division des droits de l’Homme de la MINUSMA, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme estime avoir « des motifs raisonnables de croire » qu’au moins 500 personnes, dont une vingtaine de femmes et sept enfants, auraient été « exécutées par les forces armées maliennes et les personnels militaires étrangers (…) après que la zone [avait] été totalement maîtrisée » entre le 27 et le 31 mars 2022 à Moura.

Vers une saisine de la CPI contre les FAMa ?

Les accusations de l’ONU contre les forces armées maliennes (FAMa) et leurs supplétifs russes, pourraient constituer des crimes de guerre et, « selon les circonstances », des crimes contre l’humanité, estime dans un communiqué Volker Türk, haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme.

Le poids des accusations de l’ONU sur le Mali fait craindre à Bamako une éventuelle saisine de la Cour de justice de la CEDEAO, voire de la Cour pénale internationale (CPI) contre les FAMa.

Civils ou terroristes ? Alors que plusieurs ONG et institutions internationales tiraient la sonnette d’alarme sur les évènements de Moura, y apposant les qualificatifs de « massacre » et d’« exécutions extrajudiciaires », Bamako a, dès le 1er avril 2022, défendu une opération antiterroriste réussie et revendiqué la neutralisation de 203 terroristes dans la zone.

L’ONU indexé pour les modalités de son enquête

À « aucun moment, ni la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma), ni le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme [n’ont] adressé [au Mali] une demande d’autorisation pour prendre des images de Moura […] en utilisant des satellites pour obtenir des images, sans autorisation et à l’insu des autorités maliennes, la Mission d’établissement des faits a effectué une manœuvre clandestine contre la sécurité nationale du Mali »

Colonel Abdoulaye Maiga porte-parole du gouvernement malien

Accusant l’ONU d’avoir recueilli des informations par des moyens illégaux, le Mali riposte Bamako a ainsi annoncé, samedi, l’ouverture d’une enquête judiciaire contre la Mission d’établissement des faits du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies et ses présumés complices pour « espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’État », ainsi que pour « complot militaire ». « Soucieux du respect de la vie et de la dignité humaines, à maintes reprises, le Gouvernement de la Transition avait mis en garde contre l’instrumentalisation de la Minusma et des Droits de l’Homme dans le dessein de briser la dynamique de la montée en puissance des forces de défense et de sécurité du Mali et de s’opposer aux choix stratégiques du Mali », a par ailleurs estimé Abdoulaye Maiga.

Teria News

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