AfriquePolitique

Mali : Massacre à Moura ou complot international contre la Transition malienne ?

Le Mali sous le feu des critiques. L’ONG Human Rights Watch dénonce le massacre de plus de 300 personnes dans le village de Moura. Exactions ou complot international contre le Mali ?

Après RFI et la MINUSMA, c’est au tour des organisations de défense des droits de l’Homme d’accuser les forces armées maliennes (FAMAs) de massacres. Plus le Mali engrange de victoires militaires contre les terroristes, plus les accusations de massacres, d’exécutions extrajudiciaires et d’exactions pleuvent sur les FAMAs. Les dernières concernent la localité de Moura, située dans le centre du pays. Entre le 23 et le 31 mars, le village a fait l’objet d’une opération militaire à l’issue de laquelle l’armée malienne a revendiqué la mort de 203 terroristes et l’arrestation d’une cinquantaine d’autres.

Versions concurrentes des faits

Alors que la MINUSMA attend le quitus de Bamako pour diligenter une enquête, l’ONG Human Rights Watch se joint au concert de condamnations. Dans un rapport rendu public ce 5 avril, l’organisation dénonce un « massacre » de civils. Au bilan officiel de 203 terroristes morts, Human Rights Watch oppose celui de 300 personnes tuées par les FAMAs et par des soldats russes.

« J’ai vécu dans la terreur chaque minute, chaque seconde, en pensant que mon tour viendrait d’être attrapé et exécuté », indique un des 27 témoignages recueillis par Human Rights Watch. « Le bruit des balles a retentit dans le village de lundi à jeudi », décrit une deuxième personne. Une autre évoque le ciblage indiscriminé de civils et de terroristes : « ils ont été tués parce qu’ils portaient la barbe et un pantalon court », et plusieurs celui « ethnique » des Peuls.

Le Mali victime d’une campagne de désinformation ?

Dans un contexte national tendu où les populations rurales et à la périphérie de Bamako se sentent délaissées par l’État malien, voire stigmatisées avec l’aggravation du contexte sécuritaire, les termes lâchés ont un potentiel explosif. Conscientes du danger, les autorités de Transition s’estiment victimes de « terrorisme diplomatique, médiatique et psychologique » visant à renverser le régime d’Assimi Goïta, à couteaux tirés avec les instances régionales, internationales et les grandes puissances depuis l’annulation des élections de février, mais surtout, depuis le déploiement de soldats russes sur le territoire malien fin décembre 2021.

Si d’un côté les chancelleries occidentales affirment que les hommes en treillis russes appartiennent à la société paramilitaire Wagner, de l’autre, Bamako rejette ces éléments de langage et préfère évoquer un renforcement de la coopération sécuritaire d’État à État avec Moscou.

Pour la Transition malienne, il s’agit de salir les victoires militaires du Mali, devenue la bête noire d’un certain système international. D’autant, qu’elles sont obtenues sans le concours des forces antiterroristes occidentales, dont l’opération Barkhane sur le départ forcé et qu’avant une reprise récente des attaques, le pays avait connu une accalmie exceptionnelle, jamais constatée en près de 10 ans de présence militaire étrangère.

La guerre de communication concernant le village de Moura s’ajoute à un faisceau de dénonciations analogues. En effet, depuis plusieurs mois, les accusations contre les FAMAs se multiplient. Celles d’exactions de toutes sortes comme celles d’assassinats de ressortissants mauritaniens à la frontière entre le Mali et la Mauritanie.

Abondamment relayées par RFI et France 24, considérés par Bamako comme les caisses de résonnance du Quai d’Orsay, cherchant à déstabiliser le régime de Transition, ces condamnations ont motivé la décision malienne de suspendre ces médias sur son territoire. S’ajoutant à la pression institutionnelle portée par la MINUSMA, Human Rights Watch réclame une enquête indépendante.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page