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Sénégal : Ousmane Sonko mobilise la rue contre « la justice de Macky Sall »

« Je me fiche des institutions de Macky Sall, je me fiche de la république de Macky Sall, je me fiche de la justice de Macky Sall, car c’est lui qui est hors la loi dans ce pays. » Face à 10 000 partisans rassemblés à Dakar, Ousmane Sonko défie à nouveau Macky Sall en vue de son procès prévu jeudi 16 mars. En jeu : son éligibilité à la présidentielle de 2024.

Et si le premier tour de la présidentielle de 2024 se jouait dans les prochains jours ? C’est ce que semblent penser les cadres de Yewwi Askan Wi (YAW). Rassemblant les principaux partis d’opposition, la coalition fait bloc autour de son leader Ousmane Sonko à la veille de l’ouverture de son procès pour « diffamation, injures et faux » contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Pour ce faire, quoi de mieux que mettre en scène un bras de fer entre d’une part, une légitimité populaire incarnée par plusieurs milliers de manifestants et de l’autre, une légitimité institutionnelle écornée par une justice sénégalaise discréditée par la poursuite d’opposants au régime de Macky Sall.

Mardi 14 mars, les rues du quartier des Parcelles Assainies (en périphérie de Dakar), ont été le théâtre d’un « Giga meeting » organisé par YAW contre « l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques et les arrestations arbitraires ». 10 000 partisans d’Ousmane Sonko auraient répondu à l’appel.

Remake du scénario de mars 2021

« Je me fiche des institutions de Macky Sall, je me fiche de la république de Macky Sall, je me fiche de la justice de Macky Sall, car c’est lui qui est hors la loi dans ce pays. […] En 2024, personne ne pourra nous empêcher de prendre ce pays […] Le 14, le 15 et le 16, autorisation ou pas, nous ferons face à Macky Sall, à sa police et sa gendarmerie. »

Ousmane Sonko, président du Pastef

Prenant la parole à la suite des principales figures de l’opposition sénégalaise, tous membres de la coalition YAW, Ousmane Sonko a appelé ses partisans à l’accompagner au tribunal jeudi 16 mars. Un cortège populaire dont l’opposant est friand et coutumier. Il y a un mois, celui formé par ses soutiens lui avait valu l’ire de la police. Arrêté arbitrairement, une vitre de son véhicule avait été brisée par les forces de l’ordre avant qu’il en soit extrait de force. Quelques jours auparavant, la police avait tiré sur le pare-brise de sa voiture alors qu’il se rendait à un meeting organisé par son parti à Mbacké.

Ces dernières années, le bras de fer Sonko / Sall s’est principalement tenu dans la rue et le leader du Pastef entend bien rejouer le scénario de mars 2021 lorsque, en route pour être entendu par la justice dans la seconde affaire dans laquelle son nom est cité, cette fois pour répondre d’accusations de viol, le cortège populaire qui l’avait accompagné avait allumé la mèche d’une vague de manifestations violentes forçant les autorités à temporiser. Cette fois, Yewwi Askan Wi appele à manifester, « avec ou sans autorisation », les 14 et 15 mars dans la capitale sénégalaise et dans tout le pays.

Contrer la menace d’inéligibilité en vue de 2024

Dans un communiqué publié lundi, l’Alliance pour la République, le parti du président Macky Sall, a accusé Ousmane Sonko et sa formation politique de « logique insurrectionnelle ». « C’est par la violence que le Pastef et son leader tentent de se soustraire à la justice », selon le communiqué.

« Ousmane Sonko ne doit pas être la 3ème victime de Macky Sall », estime l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, disqualifié de la présidentielle de 2019 après une décision de justice à son encontre. À 48 ans, Ousmane Sonko, arrivé troisième à la présidentielle de 2019, risque son avenir politique. Comme le procès pour viol, le dossier pour diffamation pourrait lui couter sa candidature à la présidentielle de février 2024. S’il était reconnu coupable, le leader du Pastef serait en effet frappé d’inéligibilité, portant dès lors un coup d’arrêt à ses ambitions.

Teria News

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