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Adoption du Bitcoin : la Centrafrique s’attire les foudres de la CEMAC

La Centrafrique se fait taper sur les doigts pour avoir adopté le Bitcoin. Bangui reçoit une demande d’explication de l’Union Monétaire d’Afrique Centrale (UMAC), de la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC) et de la Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC).

Soupçonnée de vendre le pays à la Russie, de vouloir attirer des financements illégaux du crime organisé transnational, la Centrafrique est traitée de tous les noms depuis sa décision d’adopter le Bitcoin comme monnaie nationale, le 22 avril dernier. Dans le concert de condamnations, principalement occidental, une seule voix s’est montrée plus mesurée. Celle de la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, qui elle, a estimé qu’il n’y avait « pas de solides preuves que l’argent numérique puisse être utilisé pour contourner les sanctions » internationales que subit le pays.

Sur le continent, ce sont les institutions communautaires d’Afrique centrale qui s’attaquent à la décision centrafricaine. Une demande d’explications, rien de moins. C’est ce qu’a reçu le ministre centrafricain des Finances, Hervé Ndoba de la part du gouverneur de la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC), Abbas Mahamat.  

Une révolte contre le franc CFA

« La Convention régissant l’UMAC dispose en effet, à son article 6, queL’unité monétaire légale des États membres de l’Union est le franc CFA’ […] Cette loi donne à penser qu’elle a pour objectif principal d’instaurer une monnaie centrafricaine échappant au contrôle de la BEAC, susceptible de concurrencer ou supplanter la monnaie légale en vigueur dans la CEMAC et de mettre en péril la stabilité monétaire. »

Abbas Mahamat, gouverneur de la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC)

La BEAC considère qu’en adoptant une monnaie alternative au franc CFA, Bangui viole les textes communautaires : « La teneur de la loi régissant la cryptomonnaie adoptée en République Centrafricaine peut s’analyser comme une remise en cause des accords de coopération monétaire en vigueur en Afrique Centrale. », estime encore Abbas Mahamat.

Désormais « monnaie de référence » en Centrafrique, le Bitcoin est perçu par les institutions d’Afrique centrale comme une menace pour la cohésion communautaire, mais surtout, comme un doigt d’honneur au franc CFA, monnaie d’héritage colonial qui maintient les États qui l’utilisent dans un lien de dépendance avec la France. L’offensive communautaire contre l’élan souverainiste centrafricain pourrait aller au-delà de la convocation d’Hervé Ndoba à des « réunions extraordinaires du Conseil d’Administration et du Comité ministériel de l’UMAC ». Bangui risque des sanctions pouvant inclure l’exclusion ou l’embargo économique.  

Mis au ban de la « Communauté occidentale » depuis son rapprochement de la Russie en 2018, Bangui a appris à naviguer son statut de paria. Habituée aux récriminations et intimidations des grandes puissances, la Centrafrique a sans doute anticipé cette nouvelle levée de boucliers.

Lire ou relire: la Centrafrique au cœur d’une guerre d’influence entre la France et la Russie

Teria News

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