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Diatribe de la Chine contre les États-Unis

La Chine demande à l’Union Européenne de cesser de pactiser avec le diable, ici les États-Unis, qualifiés de « plus grand diffuseur de désinformation ». Une formule qui rappelle étrangement celle d’« Empire du mensonge » choisie par Vladimir Poutine juste avant le lancement de l’offensive russe en Ukraine.

Depuis le 24 février, date du déclenchement du conflit russo-ukrainien, Pékin entretient une ambiguïté vis-à-vis de son allié russe. En effet, si la Chine qui, aux yeux de beaucoup détient les clés de cette guerre, refuse de condamner l’intervention russe et soutient diplomatiquement comme économiquement Moscou, Pékin a également, à plusieurs reprises, réaffirmé son attachement à la Charte des Nations unies, notamment au principe de résolution pacifique des différends. Restent les joutes verbales.

Dans une déclaration datée du 25 avril, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, s’est livré à une diatribe anti américaine, aux accents proches du message diffusé par Vladimir Poutine, quelques instants avant que les premières bombes ne s’abattent sur l’Ukraine.  

Qualifiant les États-Unis de « plus grand diffuseur de désinformation » au monde, une formule qui rappelle étrangement celle d’ « Empire du mensonge » choisie par Vladimir Poutine à l’aube du 24 février dernier, Wang Wenbin a, dans la même allocution, appelé l’Union européenne à mettre fin à son soutien à la politique américaine et à cesser « de pactiser avec le diable ».

Pékin fustige la manipulation de normes internationales aux fins d’ingérence

« La Chine rejette fermement l’ingérence sans fondement des États-Unis et de l’Union européenne dans les affaires intérieures de la Chine et le dénigrement injustifié comme la diffamation contre la Chine. Nous avons déposé une protestation officielle auprès des deux parties et exprimé notre position solennelle. Les États-Unis prétendent maintenir le rôle central de la Charte des Nations unies, mais il est clair pour quiconque que ce que font les États-Unis est tout à fait le contraire. »

Porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a poursuivi en convoquant les mêmes faits d’histoire que le maître du Kremlin, au secours de son argumentaire. « Lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU a refusé d’autoriser l’usage de la force par les États-Unis en République fédérale de Yougoslavie, en Irak, la Syrie et d’autres pays, les États-Unis et l’OTAN ont écarté l’ONU, ont mené des guerres et se sont engagés dans une ingérence gratuite contre des États souverains. Les États-Unis prétendent respecter les droits de l’Homme, mais les guerres d’agression lancées par les États-Unis et leurs alliés dans des pays comme l’Afghanistan et l’Irak ont tué plus de 300 000 civils et fait plus de 26 millions de réfugiés. Pourtant, personne n’a été tenu responsable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. », a ajouté Wang Wenbin.

Selon le porte-parole, Washington s’est illustré par un deux poids, deux mesures vis-à-vis des institutions et normes internationales. « Les États-Unis ont même annoncé des sanctions contre la Cour pénale internationale qui enquêterait sur les crimes de guerre de l’armée américaine. Les États-Unis affirment leur opposition à la coercition économique, mais ce sont aussi les États-Unis qui ont inventé la ‘diplomatie coercitive’ et excellent à contraindre les pays, qu’ils soient grands ou petits, lointains ou proches, amis ou ennemis. », a-t-il estimé.

« L’embargo et les sanctions imposés à Cuba ont duré un demi-siècle et les sanctions imposées à l’Iran existent depuis 40 ans. Quand il s’agit de poignarder dans le dos ses alliés tels que l’UE et le Japon, les États-Unis n’ont jamais hésité à le faire, comme nous l’avons vu à maintes reprises. Les faits ont prouvé que les États-Unis sont le plus grand diffuseur de désinformation, l’instigateur de la diplomatie coercitive et le saboteur de la paix et de la stabilité mondiale. Du dialogue USA-UE au partenariat de sécurité trilatéral USA-Royaume-Uni-Australie, du Quad à l’alliance Five Eyes, les États-Unis utilisent la démocratie et les droits de l’Homme comme prétextes pour créer des divisions, attiser la confrontation et récolter les bénéfices aux dépens des autres. En conséquent, non seulement les petits pays et les pays faibles sont offensés par cela, mais les alliés des États-Unis, dont l’Europe, paient également de lourds tributs pour les actes égoïstes des États-Unis. Il est à espérer que l’UE pourra voir la vérité et cesser de pactiser avec le diable. », a conclu Wang Wenbin.

Taïwan dans la balance

Lundi 7 mars, la Chine a, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Wang Yi, déclaré que Taïwan « finira par retourner dans l’étreinte de la mère patrie ». Toutefois, si la Russie considère l’Ukraine comme une zone tampon non négociable entre elle et l’Occident, car appartenant à sa « zone d’influence historique », la Chine revendique Taïwan comme une partie intégrante de son espace territorial, faisant craindre une action militaire visant à soumettre l’île à son autorité en mettant fin à son statut particulier, et un éventuel conflit subséquent avec les États-Unis et ses alliés.

Chine et États-Unis, deux puissances nucléaires, n’ont pas intérêt à engager un conflit armé. À ce jour, ces intimidations réciproques entrent davantage dans le cadre d’une guerre psychologique. Il s’agit de démonstrations de force visant la dissuasion et l’équilibre. Toutefois, demeure la crainte d’une guerre accidentelle, déclenchée par un incident qui enclencherait une escalade. Surtout que les manœuvres américaines en mer de Chine se multiplient, tout comme les invasions chinoises du Détroit de Taïwan.

Teria News

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