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France : Entre la peste et le cholera, la cohabitation ?

Emmanuel Macron est le « président le plus mal élu » de la Ve République selon Jean-Luc Mélenchon. Dimanche 24 avril, les français ont réélu « Jupiter », mais sans conviction. En route vers 5 ans de mariage forcé ? La cohabitation pourrait être le remède d’une gueule de bois historique.

Loin des scènes de liesse de 2017, dimanche au Champ de Mars, même les « macroniens » et « marcheurs » de la première heure avaient la victoire modeste. D’habitude électrisés par la fièvre du succès, le camp gagnant a surtout lâché un « ouf! » de soulagement. 58.5% des voix face à Marine Le Pen, le pacte social est sauvé mais pas de quoi se réjouir. Cette fois, le coup de l’épouvantail n’a pas fonctionné. La candidate d’extrême droite ne fait plus peur à beaucoup, 41.5% des votants lui ont même accordé leur suffrage, un camouflet pour le camp républicain.

C’est que, dans ce contexte, « victoire » est un trop grand mot. Le revendiquer trop haut reviendrait quasiment à accepter le paradoxe qu’elle ne peut effacer : l’issue des urnes du 24 avril couronne un usurpateur. Peu d’adhésion dès le départ, les 27% du premier tour ne reflétaient déjà qu’un vote utile. La rencontre d’un homme et d’un peuple, union sacralisée par le suffrage universel direct, s’est transformée en un mariage forcé entre un choix par défaut et un peuple désabusé, signe du désarroi populaire face à la recomposition du paysage politique et la fatigue des institutions de la Ve République française.

Emmanuel Macron prendra-t-il la mesure des évènements ? S’il a montré de la retenue lors de son discours d’après résultats, la sobriété n’est pas la couleur que « Jupiter » porte le mieux, n’en déplaise aux français, écœurés par l’arrogance démontrée par le locataire de l’Élysée au cours de son premier mandat.

Les élections législatives, une bouée de sauvetage ?

Depuis la révision constitutionnelle de 2000 et l’inversion du calendrier électoral, sensé mettre fin à la cohabitation, c’est la première fois que cet artéfact de la Constitution de 1958 a des chances de resurgir. Placées après la présidentielle et repoussées à juin, les législatives devaient se transformer en plébiscite et servir au président élu une majorité sur un plateau d’argent, lui laissant les mains libres pour gouverner et dérouler son programme.

Voilà que détestée par l’Élysée mais adorée des français, la cohabitation pourrait sauver l’impasse dans laquelle le jeu politique a plongé le peuple. Elle est désormais la raison d’être de Jean-Luc Mélenchon, le troisième homme du premier tour. Son « Union Populaire » ayant recueilli plus de suffrages d’adhésion qu’Emmanuel Macron, il appelle ouvertement les français à faire de lui leur Premier ministre.  

Sans approbation pour le bilan, le programme et la personne d’Emmanuel Macron, les jeux sont ouverts. Ceci toutefois, à condition que Jean-Luc Mélenchon parvienne à rassembler les partis de gauche et les verts au sein d’une large alliance écologiste et populaire. Faiseur de roi, l’homme y croit.

En Afrique, on prend les mêmes et on recommence

Malgré la crise diplomatique avec le Mali, les candidats auront marqué peu d’intérêt pour la politique africaine de la France. La guerre en Ukraine qui occupe l’espace médiatique, a sans doute contribué à éclipser un débat pourtant nécessaire sur l’avenir des relations franco-africaines, mais il faut dire que le sujet était une boule puante pour l’équipe sortante. D’atermoiements en atermoiements, de fiascos en fiascos, le bilan du Quai d’Orsay en Afrique est peu reluisant.

En l’absence de toute remise en cause de l’Élysée, la déliquescence de l’influence française sur le continent est irrémédiable. Déjà, les derniers cocoricos ne sont chantés que d’une voix enrouée.  

Teria News

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