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« Civilisations Noires » : l’Empire Songhaï (XVe-XVIe siècle)

L’Empire Songhaï est le plus grand empire d’Afrique de l’Ouest. Longtemps vassal de l’Empire du Ghana puis de l’Empire mandingue, il s’en émancipe au XVe siècle à la faveur du déclin de l’Empire du Mali.

Le Songhaï est d’abord un petit Royaume (VIIe siècle) situé autour de la ville actuelle de Gao, près des rives du fleuve Niger qui a pour capitale Koukya. Le Royaume Songhaï est successivement annexé par les Empires du Ghana et du Mali (dès 1300). Le Songhaï ne devient véritablement un Empire qu’au XVe siècle. À son apogée, il s’étend sur le Mali et le Niger contemporains en débordant sur ce qui correspond aujourd’hui au territoire de la Mauritanie à l’Ouest et du Nigeria à l’Est.

Le Royaume du Songhaï s’émancipe de l’Empire mandingue avec le souverain Sonni Ali Ber de la dynastie des Sonni (1464-1492), véritable fondateur de l’Empire Songhaï qui profite du déclin de l’Empire du Mali. La dynastie des Sonni est renversée par celle des Askias, sous laquelle le Songhaï achève son islamisation et atteint son apogée.

Statuette en terre cuite d’Asinda Sikka

Un conflit religieux met fin à la dynastie Sonni

Fils de Sonni Ali Ber, Sonni Baru s’attire les foudres des notables musulmans lorsqu’une fois sur le trône, il se déclare ouvertement animiste. Il meurt victime d’un complot ourdi par l’élite musulmane, notamment fomenté par Mohammed Sylla Touré, lieutenant et administrateur de son père, Sonni Ali.

En 1493, Mohammed Sylla Touré monte alors sur le trône du Songhaï en portant le titre d’Askia. Ne pouvant faire valoir un sang royal, Mohammed Touré souffre d’un manque de légitimité. Dans le souci de s’assurer le soutien de l’élite et de consolider son Empire, il entame un pèlerinage fastueux à La Mecque et islamise son territoire par la force.

Le règne de l’Askia Mohammed est marqué par d’importantes conquêtes. En effet, il annexa à l’Empire les mines de Taghaza au nord, des villes Haoussa au sud-est, une partie du Niger et la Sénégambie, ce qui élargit l’Empire jusqu’à l’océan atlantique à l’Ouest. À cette époque, le Songhaï s’étendait sur près de 2 à 3 millions de km².

Outre ses guerres de conquête, Mohammed Touré développa Tombouctou, intellectuellement portée par l’université Sankoré, fondée par le dernier grand empereur mandingue, Mansa Kankou Moussa. Sous l’Empire Songhaï, la ville de Tombouctou conserve le statut de plaque tournante commerciale (suivie par Djenne et Gao) qu’elle occupait déjà sous l’Empire mandingue, principalement via le commerce du sel, de l’or, de la noix de kola, de l’ambre gris ou encore de la gomme arabique. Avec l’Askia Mohammed, la ville connut un rayonnement mondial.

La chute de l’Empire Songhaï

En 1591, sous l’Askia Issihak II, 4 000 hommes du sultan Marocain Ahmed IV el-Mansour envahissent le Songhaï. L’Empire connaissait plusieurs différends avec les souverains Marocains, notamment concernant le contrôle des mines de Teghaza. Avec cette invasion le Songhaï amorce un déclin inexorable qui s’est toutefois étalé sur 3 siècles, le contrôle des Marocains se bornant à Gao et Tombouctou, régulièrement attaquées par Touaregs, Peuls et Bambaras. L’Empire implose en une douzaine de royaumes et se replie dans la région du Dendi.

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