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Mali : signes d’un dégel de la crise avec la CEDEAO

Assimi Goïta invité à un sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le Mali prévu vendredi 25 mars. Toujours suspendu de l’organisation et sous embargo depuis près de 3 mois, le pays pourrait briser son isolement.

Annoncé par un courrier de la Commission de la CEDEAO adressé au ministère malien des Affaires étrangères, la tenue de ce sommet extraordinaire sur le Mali suscite beaucoup d’espoirs. Organisée vendredi 25 mars à Accra, la rencontre pourrait mettre un terme à l’isolement du Mali, sous embargo depuis le 9 janvier dernier pour avoir failli à dérouler le calendrier électoral validé par la CEDEAO et qui prévoyait des élections fin février.

Des négociations dans l’impasse

De 5 ans, la délégation malienne avait proposé aux chefs d’État sous-régionaux une prorogation de la Transition de 4 ans. Depuis le 9 janvier, les pourparlers entre Bamako et la CEDEAO se sont poursuivis sans aboutir à un accord. Très récemment, elles ont même buté sur la dernière proposition malienne, laissant craindre une impasse. En effet, le weekend dernier, le médiateur de la CEDEAO pour le Mali, Goodluck Jonathan, a refusé l’offre malienne d’une Transition de 24 mois. Dans un communiqué, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga, a regretté l’absence de compromis entre les deux parties.

« Le gouvernement de la République du Mali regrette cette absence de compromis à ce stade pour une Transition dont l’objectif est de poser les jalons de la refondation du Mali, puis de mettre en place un nouvel ordre constitutionnel, gage de paix, de stabilité durable et de bonne gouvernance » […] « manifestement la CEDEAO n’a toujours pas suffisamment pris en compte la complexité des enjeux auxquels le Mali est confronté et les aspirations profondes de son peuple déterminé à prendre son destin en mains » […] « ces consultations se tiennent à la suite de la note verbale du 26 février de la représentation de la CEDEAO envoyée au gouvernement du mali et communiquant une proposition de chronogramme pour une transition de 12 à 16 mois » « En réponse, le gouvernement de la République du Mali a déploré le fait que cette proposition de la CEDEAO est essentiellement électoraliste et ne prend pas en compte les aspirations légitimes de réformes politiques et institutionnelles exprimées par le peuple malien » […] « à la suite d’échanges fructueux, aux termes desquels la pertinence des réformes a été reconnue par la CEDEAO, le gouvernement a proposé un nouveau délai de vingt-neuf (29) mois que SE le Colonel Assimi Goïta a, par la suite, dans un effort ultime visant à parvenir à un compromis réaliste et salutaire pour le Mali et la CEDEAO, ramené à 24 mois » […] « ce nouveau délai incompressible aux yeux des autorités du Mali n’a pas reçu l’assentiment du médiateur de la CEDEAO et de sa délégation qui sont restés sur leur position ».

Communiqué du porte-parole du gouvernement malien, Abdoulaye Maïga

Tonalité conciliante du courrier

Chose étonnante dans un contexte de brouille diplomatique, la lettre transmise par la CEDEAO au Mali « présente ses compliments au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération de la République du Mali ». Mais surtout, le courrier invite le président de Transition, Assimi Goïta à prendre part au sommet sans toutefois l’inviter directement, et transmet au ministère sa « haute considération ». Autant de signes encourageants qui laissent espérer un accord entre le Mali et la CEDEAO et la levée des sévères sanctions votées contre Bamako.

Enfin, ce jeudi, la Cour de justice de l’UEMOA vient d’ordonner le sursis à l’exécution des sanctions prononcées par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA le 9 janvier dernier. Rappelons que ce sont les mêmes sanctions qui avaient été reprises à la lettre par la CEDEAO. Informée de l’imminence de ce camouflet judiciaire, est-ce pour tenter de sauver la face que l’organisation a, dans l’urgence, improvisé un sommet et invité Assimi Goïta à y prendre part ? Plausible, cette hypothèse a le mérite d’expliquer le revirement de la CEDEAO après la fin de non-recevoir donnée à Bamako par Goodluck Jonathan.

Teria News

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