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Le Mali suspend RFI et France 24

Bamako ordonne la suspension de RFI et France 24. Le Mali accuse les deux médias français de vouloir « déstabiliser la Transition » et les compare à la radio « Mille collines ».

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les autorités maliennes de Transition ont ordonné la suspension de la diffusion de RFI et France 24 sur le territoire national. Le Mali reproche à ces médias leur partialité dans le traitement de l’actualité du pays. Bamako réagit notamment aux « fausses allégations » propagées par ces médias français concernant de supposées exactions commises par les forces armées maliennes (FAMAs).

Le gouvernement malien « rejette catégoriquement ces fausses allégations contre les vaillantes FAMA » et « engage une procédure […] pour suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion de RFI […] et France 24 », peut-on lire dans le communiqué des autorités de Transition. De plus, Bamako dénonce des attaques coordonnées qui, selon le communiqué malien, trahissent une volonté de « déstabiliser la Transition ». Est en particulier reproché à RFI, de semer la haine en « ethnicisant l’insécurité au Mali ». Le communiqué poursuit en comparant France 24 et RFI à la radio « Mille Collines », tristement célèbre pour le rôle joué dans le génocide rwandais.

Protestations françaises et européennes

« La France déplore l’annonce faite par les autorités maliennes d’engager une procédure pour suspendre la diffusion de RFI et de France 24, ainsi que les restrictions imposées à l’ensemble des médias maliens. Ces mesures constituent des atteintes graves à la liberté de la presse. La France condamne fermement, par respect pour la mémoire des victimes du génocide des Tutsi au Rwanda, l’amalgame inacceptable et irresponsable fait par les autorités de transition avec la Radio Mille Collines, dans leur communiqué officiel du 16 mars 2022. La France réaffirme son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la protection des journalistes et de tous ceux dont l’expression concourt à une information libre et plurielle et au débat public, partout dans le monde. Elle exprime par ailleurs son inquiétude face aux graves allégations d’exactions qui auraient été commises dans le centre du pays, qui ont été documentées de manière indépendante, et qui ne sauraient être passées sous silence. »

Ministère français des Affaires étrangères

Appuyant les autorités françaises, l’Union européenne (UE) a également dénoncé des « accusations infondées » qui enfreignent la « liberté de la presse », la « liberté d’informer et d’être informé. »

La décision malienne est abondamment commentée sur les réseaux sociaux. Si beaucoup considèrent que Bamako s’isole davantage, la plupart des internautes estiment que le Mali est dans son droit devant la volonté manifeste des médias ciblés, par ailleurs régulièrement critiqués sur le continent pour leur traitement dit « tendancieux » de l’actualité africaine, de nuire à l’image du Mali en faisant du pays un État paria. En outre, dans l’opinion publique sous-régionale, les condamnations européennes se heurtent à un précédent récent. En effet, l’interdiction faite à RT et Sputnik France d’émettre dans l’UE sont de nature à rendre les protestations de Paris et Bruxelles peu audibles.

Teria News

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