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Les mauvaises pratiques de Nestlé dans les pays du Sud

« Pour Nestlé, tous les bébés ne sont pas égaux », dénonce un rapport de l’ONG Public Eye. Epinglé pour ses mauvaises pratiques en Afrique et en Asie : le groupe inclut du sucre et du miel dans son lait infantile et ses produits céréaliers comme « Cerelac ». Contraires aux normes internationales, ces pratiques posent des problèmes de santé publique et interrogent sur la qualité des produits déversés par les multinationales dans les pays du Sud.

Maximiser les profits dans l’hémisphère Sud où les contrôles de la part des pouvoirs publics sont moins structurés, quitte à mettre en danger leurs populations, voilà la logique qui semble présider aux choix de certaines multinationales occidentales. Une stratégie de prédation économique qui révèle un logiciel néocolonial régulièrement dénoncé par plusieurs organisations.  

Numéro un de la production alimentaire mondiale, c’est aujourd’hui les pratiques de Nestlé dans les pays les moins développés qui sont passées au crible d’un rapport de l’organisation Public Eye et du Réseau international d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN). Intitulé « Pour Nestlé, tous les bébés ne sont pas égaux », le document jette une lumière crue sur la qualité des produits commercialisés par le groupe en Afrique, Asie et Amérique latine par rapport aux normes internationales.

Un comportement voyou dans les pays du Sud

Si le géant de l’alimentation respecte les restrictions de commercialisation en Europe, il « profite de la faiblesse des réglementations existantes » dans les pays à revenus faibles et moyens, selon l’enquête.

Sur 115 produits vendus sur les principaux marchés de Nestlé dans ces espaces, au moins 108 d’entre eux (94 %) contenaient du sucre ajouté sous forme de saccharose ou de miel. Or, en Europe, les mêmes préparations pour bébés de six mois à un an du groupe ne contiennent aucun sucre ajouté. Si le géant de l’alimentation respecte les restrictions de commercialisation en Europe, il « profite de la faiblesse des réglementations existantes » dans les pays à revenus faibles et moyens, selon l’enquête comme les Philippines, l’Afrique du Sud et la Thaïlande. Les auteurs ont par exemple observé qu’une portion de Cerelac pour bébés de six mois, vendue en Thaïlande, contenait 6 g de sucre alors qu’en Allemagne et au Royaume-Uni, le même produit ne contenait aucun sucre ajouté.

Un problème de santé publique

Le rapport de Public Eye rappelle que l’OMS « avertit que l’exposition au sucre chez les bébés peut créer une préférence pour les produits sucrés tout au long de la vie », en particulier au cours des deux premières années de la vie d’un enfant. Si les aliments contenant du sucre naturel, comme les fruits, sont sans danger pour les nourrissons et les enfants, les sucres ajoutés, eux en revanche, peuvent créer un risque d’obésité et de maladies comme les troubles cardio-vasculaires, qui sont la première cause de mortalité dans le monde.

De plus, en 2022, l’OMS a recommandé que soient interdits les sucres et édulcorants ajoutés dans les produits alimentaires destinés aux enfants de moins de trois ans. Un appel auquel Nestlé semble être resté sourd.

La multinationale contrôle 20 % du marché mondial des préparations pour bébés dont dépendent 15 millions de bébés. Les céréales de blé Cerelac et le lait en poudre Nido, également problématique car composé de lait écrémé enrichi à l’huile de palme en Afrique alors que les consommateurs européens se voient proposer du lait entier, sont, avec les bouillons ultra-salés Maggi, des marques leader à l’échelle globale. En 2022, leurs ventes dépassaient les 2 milliards d’euros, selon la société d’analyse économique Euromonitor.

Après la publication de l’enquête, certains pays concernés comme l’Inde ont lancé une enquête sur les aliments pour bébés de Nestlé. Les auteurs du rapport ont également lancé une pétition demandant à Nestlé de changer ses pratiques dans les marchés du Sud.

Teria News

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