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Algérie : Abdelaziz Bouteflika, façade d’un oeucuménisme d’Etat

Abdelaziz Bouteflika est décédé vendredi 17 septembre à 84 ans. À la tête de l’Algérie pendant 20 ans, son bilan est controversé. Il met fin à des années de guerre civile mais s’illustre par la corruption de son régime. La tentation du 5e mandat sera la provocation de trop. Il est contraint à la démission par le mouvement du « Hirak » en 2019.

Officiellement, Abdelaziz Bouteflika aura gouverné 20 ans (1999-2019), dans les faits, il n’aura été que la façade d’un pouvoir tenu par les militaires et par un clan d’oligarques. Une suspicion renforcée par la fin de son parcours politique. Victime d’un AVC en 2013, Abdelaziz Bouteflika devient un fantôme mais reste au pouvoir encore six ans, jusqu’à être renversé en avril 2019 par le mouvement du « Hirak ».

En somme, Abdelaziz Bouteflika était le symbole d’un oecuménisme d’État rassemblant les pouvoirs militaire, économique et politique.

Diminué physiquement et intellectuellement, il est difficile de croire que son maintien à la tête de l’Algérie a été l’expression de sa propre volonté. Il aura plus probablement été un nom, le seul derrière lequel pouvaient se cacher une élite aussi vorace que déterminée à profiter de la rente pétrolière. En somme, Abdelaziz Bouteflika était le symbole d’un oecuménisme d’État rassemblant les pouvoirs militaire, économique et politique.

Une carrière lancée par l’armée

Abdelaziz Bouteflika est d’abord un résistant. Dès l’âge de 19 ans, il combat la France au sein de l’Armée de libération nationale (ALN), alors que la puissance coloniale multiplie les exactions et crimes de guerre pour conserver sa colonie de peuplement. Après une guerre sans merci, l’indépendance de 1962 lui ouvre les portes du gouvernement. Il devient ministre des Sports et du Tourisme puis chef de la diplomatie jusqu’en 1979, dans un contexte de guerre froide où l’Algérie était une des voix du « tiers-monde » qui assumait une troisième voie non-alignée et indépendante des axes américains et soviétiques.

En 1965, quand Houari Boumédiène conduit le putsch qui chasse le président Ahmed Ben Bella, Abdelaziz Bouteflika se place dans son sillage. Ce qui n’empêche pas l’armée de le pousser à l’exil à la mort de Boumédiène, en 1978. Une disgrâce de 20 ans qui s’achève en 1999, date à laquelle il devient président de l’Algérie sous la bénédiction de l’armée. Sa mission : sortir le pays d’une guerre civile qui dure depuis près de 10 ans et rassembler les Algériens. 200 000 morts et deux mois d’amnistie plus tard, la guérilla rend les armes.

De résistant à autocrate déchu

Une fois les démons de l’Algérie chassés, Abdelaziz Bouteflika manœuvre pour imposer au Parlement de supprimer la limitation du nombre de mandats. La voie est alors ouverte pour un troisième mandat en 2009, puis un quatrième, un an après son AVC marqué par la chute des cours du pétrole. La rente pétrolière asséchée, il devient de plus en plus difficile d’acheter les loyautés. Après 20 ans et une centaine de milliards de dollars dilapidés, la paix sociale s’effrite jusqu’au coup de grâce que lui porte le mouvement du « Hirak », né de la prétention à un cinquième mandat.

Lire ou relire par Teria News « Première bougie du « Hirak » : un glorieux anniversaire au goût amer d’inachevé »

Véritable protagoniste de l’histoire contemporaine de l’Algérie, c’est encore l’armée qui le dépose. En avril 2019, le général Ahmed Gaïd Salah pourtant un de ses fidèles, met un terme à son régime. Abdelaziz Bouteflika vivait depuis isolé dans sa résidence de Zeralda, à l’ouest d’Alger.

Teria News

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