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Mali: la France refuse de partager le Mali avec la Russie

Les heures de la Françafrique sont-elles comptées ? « Si tu me trompes, je te quitte », dit la France au Mali. Paris menace de quitter le Mali si les autorités de transition font appel à la société Russe Wagner. Son entrée en scène signerait la rupture définitive du cordon ombilical entre les deux pays et un tournant historique.

La « mise en garde » est très officielle. Mardi, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le chef de la diplomatie hexagonale, Jean-Yves le Drian, a prévenu qu’une implication de la société militaire privée Russe Wagner au Mali serait « incompatible » avec le maintien d’une force française.

« C’est absolument inconciliable avec notre présence » et « incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali », a déclaré Jean-Yves le Drian, selon qui les mercenaires de Wagner « se sont illustrés dans le passé singulièrement en Syrie, en Centrafrique beaucoup avec des exactions, des prédations, des violations en tous genres [et] ne peuvent pas correspondre à une solution quelconque ». Le ministre français semble ici oublier les bavures de Barkhane, dont le meurtre de 19 civils dans le village de Bounti en janvier dernier, réfutée par la France mais confirmée par l’ONU.

Savoir-faire militaire contre ressources naturelles

Bamako mène avec Wagner des pourparlers devant aboutir au déploiement d’un millier de paramilitaires russes au Mali pour former ses forces armées et assurer la protection des dirigeants. Tout comme en Centrafrique, il serait question d’un troc: savoir-faire militaire contre ressources naturelles.

Quelques temps avant, c’était la ministre française de la Défense qui formulait la même menace. « Si les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent » avec la politique française au Sahel, avait affirmé Florence Parly devant la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale française.

Un tournant historique

Si confirmé, l’accord entre Wagner et Bamako marquerait un changement de paradigme, une rupture historique et un coup de canif dans la FrançAfrique qui, après le précédent de la Centrafrique, pourrait faire des émules dans le pré carré français.

Les relations entre Bamako et Paris sont particulièrement tendues depuis le second coup d’État du colonel Assimi Goïta de mai dernier. Suspension de la coopération militaire, depuis reprise sans contrepartie ni garantie du côté Malien, fin de l’opération Barkhane mutée en Takuba élargie, retrait de la majorité des troupes françaises du Mali, ont suivi le deuxième coup de force du président malien, sans que Bamako n’ait cédé un pouce de terrain à Paris. Pis, lors du sommet extraordinaire du G5 Sahel en juillet, Assimi Goïta a même demandé une relecture des accords de coopération entre la France et le Mali, pilier du pacte colonial entre Paris et ses anciennes colonies.

Le recours à l’expertise Russe via la société Wagner, réputée proche du Kremlin, entre dans la droite ligne des actions engagées par le Mali depuis quelques mois pour s’affranchir des liens aussi tortueux qu’incestueux entretenus avec la France. Si confirmé, l’accord entre Wagner et Bamako marquerait un changement de paradigme, une rupture historique et un coup de canif dans la FrançAfrique qui, après le précédent de la Centrafrique, pourrait faire des émules dans le pré carré français.

Si la montée en puissance de la Russie en Afrique se confirme, les pays du continent doivent veiller à ne pas troquer un maître contre un autre en misant sur des partenariats gagnant-gagnant. Loin donc des accords opaques et déséquilibrés avec la Chine qui contrôle de plus en plus d’infrastructures des pays Africains en défaut de paiement.

Teria News

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