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E-CFA : feu vert de la BCEAO pour l’émission d’un CFA électronique par les pays de l’UEMOA

Bientôt des achats et des transactions avec du e-CFA ? La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a donné son feu vert pour l’émission d’un e-CFA. À la demande des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), leurs trésors publics peuvent désormais émettre la version électronique du franc CFA.

« Les autorités de la Banque centrale ont marqué leur accord pour l’émission de carte prépayées par les trésors publics nationaux », indique un guide de la BCEAO. Selon le document, la décision de la Banque centrale est fondée sur la base des dispositions des articles 42 et 131, du 19 septembre 2002 relatifs aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’Uemoa que la Bceao a accordé cette émission. Ces dispositions donnent « la possibilité aux Trésors publics de promouvoir l’utilisation des cartes de paiement et de retrait, du porte-monnaie électronique et du télépaiement ainsi que de tout autre procédé et instrument moderne de paiement ».

Toutefois, cette facilité de paiement ne s’adresse pas au large public. En effet, la Bceao précise que l’e-CFA est limité aux « bénéficiaires des allocations publiques de l’Etat (fonctionnaires, boursiers, retraité, etc.) ».

Cette réforme est une réponse à la requête de plusieurs États de l’Uemoa qui ont « sollicité l’avis de la Bceao, en vue d’émettre des moyens de paiement électroniques, conformément à la réglementation en vigueur ». Elle intervient dans le cadre de la promotion de la digitalisation des paiements publics qui répond à plusieurs problématiques.

Premièrement, face à l’engouement populaire croissant pour les monnaies électroniques indépendantes comme le Bitcoin et la concurrence qu’elles imposent aux Banques centrales, celles-ci ripostent avec l’émission de devises électroniques. Ainsi, les initiatives de ce genre se multiplient sur le continent: le e-Cedi Ghanéen est attendu dans les mois prochains, la Tanzanie a également entamé des consultations dans ce sens. En dehors de l’Afrique, la Chine, ou encore la Suède, sont en phase de test de leur monnaie digitale, le projet est en réflexion aux Etats-Unis et en France.

Troisièmement, l’émission de e-CFA permettrait une meilleure traçabilité, et dès lors un meilleur contrôle des flux financiers. Données personnelles précieuses pour les États, notamment dans la lutte contre la fuite de capitaux ou le blanchiment d’argent, mais également dangereuses pour la vie privée des citoyens.

Enfin, certains y voient une reconquête de la souveraineté monétaire des pays de la zone franc. Une appréciation toutefois à nuancer car le CFA digital reste rattaché à la BCEAO dont le Conseil administration est toujours ouvert aux représentants français qui, même selon la réforme cosmétique du CFA (« Eco-Macron » dénoncé par les activistes du Front anti-CFA comme un piratage du projet originel de la Cédéao), pourront à tout moment revenir y siéger.

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Devant de tels enjeux, il faut voir l’émission d’e- CFA aux fonctionnaires, boursiers ou retraités des Etats de l’Uemoa comme une phase pilote, appelée à être généralisée à l’ensemble BDE la population. Dès lors, les défis liés à la cybersécurité seront accrus.

Teria News

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