Historiquement une simple formalité, la cérémonie a été interrompue mercredi après que des manifestants pro-Trump ont pénétré dans l’enceinte suite à un énième déni de défaite de Donald Trump.
Scènes hallucinantes à Washington. La démocratie américaine est-elle morte ce 6 janvier 2021? Que se passe-t-il donc aux États-Unis ? Sont-ils devenus une vulgaire démocratie bananière? Les fondements de la plus grande démocratie chancellent sous les regards atterrés du reste du monde. Donald Trump cherche-t-il à enterrer avec lui les principes démocratiques d’acceptation de la défaite électorale et d’alternance?
Quelques heures après que Donald Trump a affirmé qu’il ne reconnaîtrait jamais sa défaite et a appelé à marcher vers le Capitole, une foule composée de centaines de supporters du président sortant a encerclé et envahi le Congrès pour empêcher la certification de l’élection de Joe Biden, en temps ordinaires une simple formalité. Les élus et le Vice-président (qui avait rejeté la requête de Donald Trump de faire barrage à la certification du président élu) ont été évacués. Une personne a été blessée par balle à l’intérieur du Capitole.
Loin de calmer le jeu, Donald Trump n’a pas appelé à la dispersion de ses supporters mais leur a simplement demandé de manifester pacifiquement.
La capitale administrative américaine est sous haute tension. La maire de Washington a imposé un couvre-feu à partir de 18h00. Ces émeutes à l’intérieur du Capitole interrogent sur des failles dans de dispositif sécuritaire, voire des complicités.
Le président élu Joe Biden a pris la parole pour condamner ces violences et actes de sédition, « une agression contre la démocratie ». « Je suis attristé par cette situation », a-t-il déclaré.
À quand une nouvelle certification? L’agenda du 20 janvier, date initiale de l’investiture de Joe Biden est-il bousculé par ces événements?
Une chose est certaine, les États-Unis ne pourront plus donner de leçons de démocratie au reste du monde ni en jouer les apôtres. Cette désacralisation du Congrès, temple de la démocratie américaine serait-elle son chant du cygne?
Au delà des États-Unis, ces événements interrogent sur la notion même d’acquis démocratiques. S’ils vacillent aussi rapidement en Amérique, que dire de leur solidité dans le reste du monde ? Faut-il imaginer un autre système, en particulier dans les État africains où le processus de démocratisation à l’occidentale est inabouti?
Le Sénat bascule du côté démocrate
Le sort de la future présidence de Joe Biden était entre les mains des électeurs de Géorgie. Au cours d’élections qui ont attisé la colère de Donald Trump, le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et devient ainsi le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud. L’autre démocrate en lice, Jon Ossoff vient de l’emporter face au sénateur républicain David Perdue. Le Sénat compte à présent 50 élus démocrates et 50 républicains. Il revient à la vice-présidente démocrate Kamala Harris de les départager. Ce sera la première fois depuis 2010 que les démocrates auront le contrôle de la Maison blanche, de la Chambre des représentants et du Sénat.
Attendus depuis quelques heures, ces résultats ne sont pas de nature à apaiser la fracture entre deux Amériques. Camouflet pour Donald Trump, cette défaite lui rappelle celle du 8 novembre 2020 et attise des passions: déni, appels à la mobilisation. L’homme de la « loi et l’ordre » s’est transformé en l’homme d’une sévère crise institutionnelle, du chaos, fossoyeur de la démocratie américaine.
Teria News
