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La France va « très probablement » réduire les effectifs de sa force Barkhane, déclare Florence Parly.

En tout, 5100 soldats étaient engagés dans la mission en 2020, après un renfort de 600 militaires décidé au cours de la Convocation de Pau, l’humiliante réunion des chefs d’États du Sahel de janvier 2020.

Réagissant à la mort de 5 soldats français au en moins d’une semaine au Mali, Florence Parly a dénoncé dans une interview accordée à un média français, les « méthodes pernicieuses » des rebelles. Pour rappel, trois soldats français ont été tués lundi 28 décembre dans une attaque à l’engin explosif artisanal revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda) et deux autres samedi 2 janvier dans des circonstances similaires.

Selon la ministre française des Armées, la décision de Paris se base sur les « succès militaires importants » de Barkhane en 2020. »Nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort par définition, c’est temporaire », a annoncé Florence Parly. La France semble amorcer un désengagement, à contre-pied de sa décision de renforcer les effectifs de Barkhane avec 600 hommes supplémentaires à l’issue de la Convocation de Pau, il y a un an. La décision est officiellement renvoyée au prochain sommet conjoint de la France et des pays du G5 Sahel en février à N’djamena.

Cette annonce sous-entend un processus décisionnel consensuel entre les parties, alors que la source de financement de Barkhane ne laisse aucun doute quant au véritable décideur, et relève ainsi d’une stratégie de communication. Paris ne peut simplement pas se permettre d’apparaître retirer unilatéralement ses soldats. Reste à savoir s’il s’agira d’un retrait substanciel ou d’un réajustement marginal destiné à envoyer un message à une population française fatiguée par ce décompte macabre, dans un pays où plusieurs se demandent ce qu’exactement la France fait.

Paris met en avant des « succès » militaires contredits par une tendance haussière des actes terroristes

Toujours au crédit de Barkhane, Florence Parly a évoqué « des succès militaires importants, à la fois en neutralisant plusieurs hauts responsables de groupes terroristes et en attaquant leurs chaînes logistiques ». La ministre française des Armées faisait référence à l’assassinat d’Abdelmalek Droukdal, le leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans le nord du Mali en juin et à la liquidation de Bah Ag Moussa, présenté comme le « chef militaire » du GSIM, en novembre 2020.

Toutefois, ces coups d’éclat de suffisent pas à masquer l’impuissance de Barkhane et du G5 Sahel, appelé à lui succéder, à juguler les attaques terroristes. Ainsi, selon l’Onu, au Burkina Faso, Mali et Niger, elles ont fait plus de 4 000 victimes en 2019, contre 770 en 2016. Le coronavirus ayant bousculé plus d’un agenda, il s’agit là des dernières données communiquées. Quand bien même 2020 aurait été moins sanglante, elles contredisent la tendance décrite par les autorités françaises, une seule année d’hypothétique reflux ne suffisant pas à parler d’amélioration.

De plus, ces victoires symboliques sont à relativiser. En effet, les groupes terroristes n’ont pas forcément la culture du chef qu’on tend à leur prêter. En somme, lorsqu’une tête est coupée, sa section inflige certes un coup psychologique au corps, toutefois, la réorganisation est rapide. De plus, une telle mort en martyr est présentée comme un honneur.

Bien que cette position a été démentie par plusieurs médias, en particulier après la rançon échangée contre quatre otages au Mali, dont le défunt Soumaïla Cissé et Sophie Petronin en octobre 2020, la France affirme toujours officiellement son refus de négocier avec les terroristes. Tout comme le précédent régime d’Ibrahim Boubacar Keita, les autorités maliennes de transition elles, assument ces tractations.

Teria News

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