Des coups de feu ont retenti ce mardi matin dans le grand camp militaire « Soundjata Keïta » de la ville-garnison de Kati, située à 15 kilomètres de Bamako. Sortant de son silence, le gouvernement malien « appelle à l’apaisement et se rend disponible [… ] pour engager un dialogue fraternel afin de lever tous les malentendus ».
Ibrahim Boubacar Keïta se trouvait dans sa résidence de Sebenikoro, à Bamako, lorsqu’il a été arrêté par des militaires mutins, vers 16h30, heure locale. Il était alors en compagnie du Premier ministre, Boubou Cissé, et de son fils, le député Karim Keïta.
Ce n’est qu’à 16h00 qu’a été entendue la voix du gouvernement malien à travers un communiqué. Plusieurs heures donc après les coups de feu tirés ce matin de la ville de Kati, d’où était parti le coup d’État de 2012. En plus d’appeler à l’apaisement, le Premier ministre Boubou Cissé a annoncé que le gouvernement « se rend disponible pour engager un dialogue fraternel ».
Selon le magazine Jeune Afrique, des hommes armés ont fait irruption dans le camp Soundiata Keïta à bord de pick-up, puis, des tirs ont été échangés avec les militaires stationnés sur place.
Au cours de la journée, il a été demandé à des fonctionnaires de rentrer chez eux. Dans le centre-ville, le siège de l’ORTM, la télévision nationale, était vide. Plusieurs dizaines de jeunes se sont rassemblés sur la place de l’Indépendance, scandant des slogans favorables aux mutins. Toutefois, certains d’entre eux ont appelé au calme. L’ancien député Oumar Mariko, membre du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), a été aperçu parmi eux.
La communauté internationale suit de près l’évolution de la situation
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui multiplie les médiations entre pouvoir et opposition, a réagi avec fermeté vers 14h30, à travers un communiqué.
L’organisation appelle « les militaires à regagner sans délai leurs casernes, en demandant à toutes les parties prenantes maliennes de privilégier le dialogue pour résoudre la crise que traverse leur pays. » Dans la suite du communiqué, la CEDEAO « rappelle sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel et invite les militaires à demeurer dans une posture républicaine. » « En tout état de cause, elle condamne vigoureusement la tentative en cours et prendra toutes les mesures et actions nécessaires à la restauration de l’ordre constitutionnel, par le rétablissement des institutions démocratiquement élues, conformément aux dispositions de son Protocole additionnel sur la Bonne Gouvernance et la Démocratie. », indique également le communiqué.
Peu avant 14h00, de son compte Twitter, l’envoyé Spécial des États Unis pour le Sahel, Peter Pham, a réitéré l’opposition de son pays à toute prise de pouvoir par la force. « Nous suivons avec inquiétude l’évolution de la situation aujourd’hui au Mali. Les États-Unis s’opposent à tout changement anticonstitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité » a-t-il écrit. Les ambassades dans leur ensemble mettent en garde leurs ressortissants contre un risque élevé d’agitation et les exhortent à rester chez eux.
Teria News