Les heurts entre protestataires et forces de l’ordre ont fait au moins quatre morts et 70 blessés. Plusieurs leaders M5-RFP ont été arrêtés. Samedi, dans un geste d’apaisement, le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a annoncé la « dissolution de fait » de la Cour constitutionnelle.
Après le président IBK lui-même, l’institution est la principale cible du courroux des manifestants. Dans sa seconde allocution télévisée donnée en l’espace d’une semaine, le président malien a déclaré qu’il abrogererait les décrets de nomination des juges de la Cour constitutionnelle encore en exercice. « J’ai décidé d’abroger les décrets de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de la CEDEAO », a déclaré IBK. « Cette dissolution de fait de la Cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que, rapidement, une Cour reconstituée nous aide à trouver les solutions aux contentieux issus des élections législatives » a-t-il poursuivi.
Cet acte fort faisait partie des exigences de la plateforme M5-RFP qui accusait la Cour de collusion avec l’exécutif, après qu’elle a invalidé les résultats d’une trentaine de députés déclarés battus à l’issue des législatives de mars et avril. D’autant plus que cette inversion des résultats a profité à la majorité présidentielle. En plus de la dissolution de la Cour, le mouvement, qui fédère la mobilisation, réclame la dissolution du Parlement et la formation d’un gouvernement de transition dont il désignerait le Premier ministre.
Signe de la rupture entre protestataires et le régime, ce sont des institutions clés comme le siège de la Télévision et Radio nationale, l’ORTM, et l’Assemblée nationale qui ont été prises d’assaut vendredi.
Et les braises de la colère populaire étaient encore vives samedi. Ainsi, des jeunes ont à nouveau tenté d’assiéger un des trois ponts de Bamako, mais sans succès. Les deux ponts contrôlés vendredi par les manifestants étaient rouverts à la circulation samedi. Restes de pneux calcinés, suie recouvrant le goudron, voitures incendiées, les rues de la capitale retenaient des traces des affrontements de vendredi, tandis que l’Assemblée nationale, saccagée vendredi, était gardée par les forces de sécurité.
Par ailleurs, une soixantaine de leaders de la contestation ont été arrêtés samedi. Le siège de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mamoud Dicko (CMAS), figure de proue du M5-RFP, était encerclé par les forces de l’ordre. Sur une rumeur annonçant l’interpellation imminente de l’imam Dicko, une foule a entouré son domicile pour faire bouclier entre leur meneur et la police. Ses têtes ayant été coupées, le mouvement du 5 juin a préféré annuler sine die la conférence de presse prévue au milieu de l’après-midi.
La vie tournait au ralenti samedi. Par mesure de précaution, les boutiques du grand marché de la capitale Bamako sont exceptionnellement restées fermées.
Samedi, le Premier ministre Boubou Cissé a annoncé la formation d’un gouvernement inclusif « très rapidement ».
Teria News