Contesté par la rue depuis plusieurs semaines, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) multiplie en vain les initiatives pour sortir de la crise politique dans laquelle est plongée le #Mali depuis les dernières élections législatives.
Ces derniers jours, IBK a reçu tour à tour les représentants de partis de la majorité présidentielle et l’opposition.
Il fallait en effet s’entendre avec les premiers sur l’offre de former un gouvernement d’union nationale, avant de la mettre sur la table des négociations avec l’opposition. La proposition faite dimanche au mouvement de contestation, regroupé sous la bannière Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), a été déclinée. Marquant l’échec de cette ouverture, le M5-RFP a à nouveau réclamé la « démission » du chef d’État malien. À la fin de la rencontre, la coalition d’opposition publiait un communiqué cinglant résumant sa détermination à poursuivre et intensifier le rapport de force. » Lors de cette brève rencontre, Monsieur Ibrahim Boubacar Keita a continué à faire la sourde oreille, preuve de mépris envers le Peuple malien » […] » M. Keita a royalement ignoré toutes les demandes et mesures contenues dans le « Mémorandum « , a dénoncé l’opposition. La plateforme maintient que sans prise en compte intégrale par le pouvoir du texte, soit sa feuille de route pour une sortie de crise rendue publique la semaine dernière, elle maintiendra le statu quo.
Déloger IBK du palais de Koulouba et remplacer son régime par des Organes de Transition, voilà la mission que s’est officiellement assignée l’opposition. Les législatives d’avril et mai 2020 n’ont fait que mettre le feu aux poudres d’un malaise sécuritaire et sociopolitique latent, datant de la rébellion du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en 2012. Les crises institutionnelles qui ont éclaté à l’issue du scrutin (démission de 4 des 9 sages de la Cour constitutionnelle, 31 députés validés par la Cour après avoir été déclaré perdants lors de la proclamation des résultats provisoires), ont fédéré une kyrielle de leaders politiques et religieux sous le leadership de l’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut conseil islamique et ancien allié d’IBK. La première victoire du M5-RFP fut la foule rassemblée le 5 juin au carrefour du Monument de l’Indépendance de Bamako, qui chantait allègrement » IBK dégage! « . Cette opposition s’est structurée sans Soumaïla Cissé, toujours aux mains de ses ravisseurs, et réclame sa libération.
La CEDEAO à la rescousse d’IBK
Jeudi 18 juin, à la veille d’une deuxième manifestation, une mission de la CEDEAO a entrepris une tentative de médiation. Les membres de la délégation ont rencontré le Premier ministre Boubou Cissé et se sont entretenus avec les principaux acteurs de la crise : le président IBK et la figure de proue de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko. Mais cette initiative n’a pas porté de fruits.
Un régime corrompu, « à la solde de la France »
« Ah! Ces gens qui applaudissaient des deux mains les printemps arabes, mais qui s’épouvantent de la mobilisation du peuple souverain malien à Bamako, Sikasso, Kayes, Mopti pour se débarrasser du clan de pilleurs au pouvoir. Donc la rue, c’est bon pour Ben Ali mais pas pour IBK? Maliens, dégagez-le! », appelait le 19 juin dernier Nathalie Yamb sur sa page Facebook. L’activiste panafricaniste et militante de l’opposition ivoirienne rejoint le peuple malien qui rejette un régime gangréné par la corruption d’une oligarchie gravitant autour du président IBK. En plus d’avoir pris le Mali en otage, la rue accuse le régime malien de connivences avec la France dont elle rejette la présence sur son sol, tout comme celle des autres puissances étrangères (bases militaires et forces multilatérales), dont l’action ne s’est pas révélée concluante dans la lutte contre les groupes rebelles. Ces derniers ont paradoxalement plutôt prospéré depuis leur installation au Mali.
La crise politique malienne se poursuit. La plateforme M5-RFP a donné rendez-vous aux maliens pour une nouvelle mobilisation le vendredi 10 juillet sur l’ensemble du territoire national et dans la diaspora.
Teria News