MondePolitique

Donald Trump suspend le financement américain à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En cause : sa « mauvaise gestion » de l’épidémie du coronavirus

Chose promise, chose due. Ce mardi 4 avril, le président américain a suspendu la contribution des États-Unis à l’OMS.

« Le monde a reçu plein de fausses informations sur la transmission et la mortalité » du Covid-19, a déclaré Donald Trump. « Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé pendant qu’une étude est menée pour examiner son rôle dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus ». L’étude « très approfondie », pourrait durer de 60 à 90 jours. Le président américain a rappelé que les Etats-Unis contribuaient à hauteur de 400 à 500 millions de dollars par an à l’OMS, contre environ 40 millions de dollars, « et même moins » pour la Chine, avant de marteler que son pays avait le « devoir » de réclamer des comptes.

« Si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts », a-t-il avancé. « Nous avons eu des problèmes avec eux depuis des années », a-t-il renchérit.

Après la Chine, puis l’Italie, les Etats-Unis sont aujourd’hui le pays le plus durement touché par le coronavirus, avec plus de 600 000 cas de contamination enregistrés et 25 757 morts au total, dont 2 228 décès supplémentaires en vingt-quatre heures mardi. Soit, le plus lourd bilan quotidien recensé par un pays, selon le comptage de l’université Johns Hopkins. L’État de New York est le plus endeuillé. Le bilan y a de nouveau augmenté avec 778 nouveaux décès mardi, pour un total de plus de 10 800 morts.

À l’image de la réponse d’Antonio Guterres, les réactions à la décision américaine vont massivement dans le sens de la condamnation. Ce « n’est pas le moment de réduire le financement des opérations de l’Organisation mondiale de la Santé ou de toute autre institution humanitaire combattant le nouveau coronavirus », a affirmé mardi le secrétaire général de l’ONU.

La déclaration tonitruante de Donald Trump vise à créer un contre-feux politique. En effet, alors que sa gestion de la crise sanitaire est de plus en plus critiquée par la classe politique américaine et par l’opinion, ce geste a pour objectif de désigner aux yeux des américains un coupable. Il s’agit également d’un acte électoraliste, le président américain ayant à de nombreuses reprises laissé s’exprimer sa frustration vis à vis de la pandémie de Covid-19. Le virus vient troubler son bilan économique, qu’il devait présenter aux électeurs comme mirobolant. Justifié par le calendrier électoral, cet acte outrancier lui permet d’offrir à l’opinion publique américaine une autre tête que la sienne.

En suspendant ses contributions, Donald Trump manque de vision et s’embourbe dans la même faute. Celle de considérer que l’Amérique est un îlot, quant une des premières leçons de cette crise, est que la globalisation a atteint un stade tel, que nul n’est à l’abri des effets de ce qui se produit à n’importe quel endroit de la planète. Ainsi, pour Washington, se retirer, revient à envoyer un message selon lequel les États-Unis sont auto-suffisants. Toutefois, dans un village mondial, cela revient également à oublier qu’aider les autres peuples dans leurs calamités, permet de prévenir le déferlement des mêmes fléaux sur son territoire, et par conséquent, équivaut à s’aider soi-même.

Toutefois, la critique adressée à l’organisation n’est pas infondée, l’OMS, en retardant les mécanismes d’alerte sanitaire, et en louant à de nombreuses reprises la gestion chinoise de l’épidémie, ayant laissé transparaître une partialité à l’égard de Pékin.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page