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Gabon : Ali Bongo se retire officiellement de la vie politique et dénonce le « système »

Dans une lettre ouverte, Ali Bongo, déchu le 30 août 2023, annonce son retrait de la vie politique. L’ancien président appelle à la libération de son épouse Sylvia et de son fils Noureddin, incarcérés aux lendemains de la prise de pouvoir du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) de Brice Oligui Nguema. Il y dénonce également le « système ». De quoi parle Ali Bongo ?

Il s’y présente, lui et sa famille, comme victime d’un « système » qu’il s’est, en tant que président de la République, évertué à changer. Pourtant, depuis 2009 Ali Bongo a repris le sceptre de son père Omar Bongo dans une succession démocratique contestée mais dynastique avérée. Le « système » dénoncé dans sa lettre ouverte diffusée au soir du 18 septembre, était pourtant incarné par sa personne et son clan dont les divisions, principalement le schisme avec sa sœur Pascaline, ont toutefois mis fin au règne de sa famille rapprochée composée de son épouse Sylvia et de son fils Noureddin.

Ce sont d’ailleurs ces derniers, incarcérés dans la foulée de la prise de pouvoir des hommes du général Brice Oligui Nguema le 30 août 2023, qui sont l’objet de son plaidoyer auprès du peuple Gabonais, comme de la nouvelle équipe dirigeante à Libreville.

Une débauche de moyens pour un noyau d’individus

Pour les uns comme pour les autres, il sera, n’en déplaise à Ali Bongo, difficile de partager la compassion dont le président déchu fait montre dans sa lettre. Sylvia et Noureddin y sont en effet présentés comme des victimes et plus encore, comme le symbole ultime des dysfonctionnements du système alors qu’ils en étaient, au vu et au su de tous, les grands marionnettistes, exhibant toute honte bue, un style de vie princier quand près de 40% des Gabonais vivent sous le seuil de pauvreté et que 30% subit les affres du chômage. Affaibli depuis son accident vasculaire cérébral survenu en 2018, la maladie d’Ali Bongo avait ouvert la voie à l’influence grandissante de Sylvia Bongo et Noureddin, ce dernier présenté et préparé pour prendre sa suite dans un remake de 2009 dont le scénario pré-écrit, ne verra pas le jour.

Par ailleurs, avec cette lettre, Ali Bongo prend également acte de la page tournée par la Transition dirigée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) du général Brice Oligui Nguema et annonce son retrait de la vie politique.

Le « système » et le « Système »

Chantre d’un nouvel ordre, ou plutôt d’un retour nostalgique à un ordre ancien installé par le patriarche Omar Bongo, le président du CTRI donne des gages de justice aux Gabonais en débloquant des bourses étudiantes ou en libérant des prisonniers politiques sur le plan intérieur, tout défendent sur le plan extérieur, un retour aux anciens partenaires du Gabon au détriment des nouvelles coopérations qu’Ali Bongo avait commencé à tisser avec le Commonwealth rejoint en juin 2022 en pied de nez à la France, et le « nouveau monde » incarné par la Chine.

Et c’est peut-être de ce « Système » là qu’il est question dans le courrier de l’ancien président qui, lors de son renversement avait, comme un acte d’accusation, préféré l’anglais au français pour appeler ses soutiens « to make noise » (à se manifester « faisant du bruit »). 

En attendant, les Gabonais sont appelés aux urnes pour se prononcer par référendum sur un projet de nouvelle Constitution. La nouvelle loi fondamentale prévoit l’instauration d’un régime présidentiel sans Premier ministre, un mandat présidentiel de 7 ans renouvelable une fois avec obligation pour tout candidat d’être né de parents gabonais. Par ailleurs, le texte rend le service militaire obligatoire et rétablit le français comme langue officielle du pays, alors que l’anglais figurait à ses côtés depuis l’adhésion du Gabon au Commonwealth. Rappelons que le calendrier de Transition du CTRI a été fixé à deux années à l’issue desquelles se tiendra une élection présidentielle (août 2025) où Brice Oligui Nguema briguera un mandat constitutionnel.

Wuldath Mama

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