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Présidentielle au Tchad : vers une farce électorale ?

Après l’assassinat de son principal opposant Yaya Dillo et l’arrestation d’un défenseur des droits humains, Mahamat Déby se dirige vers un duel contre Succès Masra, opposant devenu Premier ministre. « Une farce, une candidature postiche pour accompagner le chef du pouvoir militaire », dénonce l’opposition.

L’assassinat de Yaya Dillo, le 28 février dernier a été interprété par les acteurs politiques et de la société civile tchadienne comme le signal du durcissement du régime, deux mois avant l’élection présidentielle. La mort brutale de l’opposant, de deux balles dans la tête suite à un raid violent contre le siège de sa formation politique, le Parti socialiste sans frontières, depuis démoli par des bulldozers, a été accueillie par le mutisme de la communauté internationale.

Une semaine après les évènements, l’Élysée a, pour sa part, envoyé Jean-Marie Bockel, émissaire spécial d’Emmanuel Macron pour l’Afrique, en charge de remettre un courrier sous plis fermé à Mahamat Déby. Sans condamnation préalable, la démarche traduit aux yeux de l’opposition, le soutien indéfectible de Paris envers le dirigeant tchadien, dans la lignée de l’appui de l’ancienne métropole à sa prise de pouvoir, hors cadre constitutionnel, au lendemain de la mort d’Idriss Déby.

Faire le ménage en vue d’un match amical ?

Sans surprise et malgré un bref flottement sur ses intentions, dimanche 10 mars devant ses militants du parti Les Transformateurs, Succès Masra a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. En l’absence de réelle opposition depuis la mort de Yaya Dillo, le 6 mai prochain, le corps électoral sera donc appelé à départager Mahamat Déby et son Premier ministre.

D’ores et déjà, l’opposition dénonce une « candidature prétexte » destinée à donner un semblant de pluralité à un scrutin qu’elle considère gagné d’avance par le président de Transition. Sa candidature est « une farce, une candidature postiche pour accompagner le chef du pouvoir militaire », estime Max Kemkoye, porte-parole de la deuxième plate-forme de l’opposition, le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP). « Une candidature qui vise à accompagner l’actuel président pour légitimer son élection », considère quant à lui Mahamat Zène Chérif, président du parti Tchad uni.

Mesures électoralistes

Le chef du parti Les Transformateur était, avant son exil, devenu une figure de proue de l’opposition à Mahamat Idriss Déby Itno qui a succédé à son père à la faveur d’un coup d’État institutionnel après le décès de ce dernier, survenu en avril 2021. Succès Masra s’était particulièrement illustré comme leader de la fronde contre la prolongation de la Transition entérinée par les accords issus du Dialogue National Souverain et Inclusif (DNSI). Alors qu’il devait conduire une Transition initiale de 18 mois, renouvelable une fois et s’était engagé à ne pas de présenter aux élections appelées à clôturer ce régime d’exception, Mahamat Idriss Déby a obtenu une prolongation de 24 mois ainsi que la possibilité de se présenter aux élections devant permettre un retour à « l’ordre constitutionnel », fixées au 6 mai prochain.

Par ailleurs, moins de deux mois avant l’élection présidentielle, le gouvernement tchadien annonce la gratuité de l’eau et de l’électricité jusqu’à la fin de l’année. Du populisme électoral pour des services public de toute façon indisponibles alors que certains quartiers de Ndjamena, même les plus favorisés, sont sans électricité depuis bientôt un mois, estiment plusieurs associations de consommateurs.

Teria News

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