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Escalade entre les États-Unis et la Russie : un parfum de Guerre froide

Troupes russes basées à la frontière ukrainienne, forces de l’OTAN en état d’alerte à l’Est de l’Europe, et si Washington profitait de l’ambiguïté du Kremlin pour mettre en scène un face-à-face militaire États-Unis/Russie et ressusciter l’ancien ordre mondial post Guerre froide ?  

Pour les États-Unis, les ambitions à peines masquées de Vladimir Poutine en Ukraine sont du pain béni.

Dans un premier temps, politiquement. L’escalade des tensions entre la Russie et son voisin, qui se voit encerclé par des troupes russes à sa frontière nord partagée avec la Biélorussie, allié notoire de Moscou, comme à sa frontière est, permet à Washington de convoquer un imaginaire de Guerre froide et de ressusciter l’âge d’or de l’Amérique. Une tentative aussi vaine qu’éphémère. Cette mise en scène hollywoodienne n’est que de l’esbroufe, les États-Unis sachant leurs jours comptés en tant que première puissance mondiale. En effet, Washington ne peut ni retarder, ni inverser la montée en puissance économique et militaire de la Chine et, n’est en réalité, qu’un des points d’un monde devenu tripolaire, de l’aveu même de son chef d’état-major, le général Mark Milley qui déclarait en novembre 2020 : « Nous entrons dans un monde tripolaire avec les États-Unis, la Russie et la Chine, toutes de grandes puissances ».

À ce jeu, Joe Biden est bien servi par un Vladimir Poutine qui, hormis la rencontre diplomatique de ce mercredi 26 janvier entre des représentants russes, ukrainiens, français et allemands, a réussi à marginaliser l’Europe, restée globalement spectatrice de ce qui se joue sur son flanc Est.

Dans un second temps, économiquement. De potentielles sanctions économiques pourraient toucher les livraisons de gaz russe à l’Europe de l’Ouest qui importe 40,4% de son gaz de Moscou. La Russie est également le premier importateur de pétrole pour l’Union européenne. Si Moscou ne pouvait plus exporter son gaz et/ou son pétrole, les États-Unis se verraient alors servir le marché européen sur un plateau d’argent pour y vendre son gaz et/ou son pétrole de schiste.

Une démonstration de force sur une pente glissante

Bien qu’ayant exclu « de déployer des forces américaines ou de l’OTAN en Ukraine », l’organisation transatlantique a annoncé lundi 24 janvier avoir mis ses forces en état d’alerte et dépêché des navires et des avions supplémentaires en Europe de l’Est. Le porte-avions USS Harry S. Truman, son groupe aéronaval et son escadre aérienne ont commencé à patrouiller la Méditerranée. Un précédent inédit car c’est la première fois, depuis la fin de la Guerre froide, qu’un groupe aéronaval américain passe totalement sous commandement de l’OTAN. Quelques heures plus tard, le Pentagone a annoncé l’envoi de 8.500 soldats américains en Europe de l’Est.

Le lendemain, la Russie a elle, lancé des manœuvres militaires mobilisant 6.000 hommes près de l’Ukraine et en Crimée.

Moscou, trahie par Washington qui, en intégrant d’ex pays satellites de l’URSS à l’OTAN, ne cesse de grignoter l’ancienne aire d’influence russe et de menacer la Russie malgré les promesses post Guerre froide, veut des assurances. Vladimir Poutine fait monter la pression autour de l’Ukraine pour obtenir des gages solides d’un non élargissement de l’OTAN plus à l’Est et à l’Ukraine en particulier.

Si ce face à face entre deux puissances nucléaires est partiellement maîtrisé et orchestré, il n’en demeure pas moins qu’États-Unis et Russie jouent un jeu dangereux car il accroit le risque de dérapage. Dans une lettre remise par l’ambassadeur américain au ministère russe des Affaires étrangères formulant une réponse aux revendications russes, les États-Unis montrent que leur position n’a pas bougé. Washington y réaffirme sa détermination « à maintenir et défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et le droit des États à choisir leurs propres dispositions de sécurité et leurs alliances », a dévoilé le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken au cours d’une conférence de presse tenue mercredi. La lettre maintient « que nous défendons le principe de la porte ouverte à l’Otan », a-t-il ajouté. Le Kremlin note que le « point de vue » russe n’a pas été pris en compte par les États-Unis, que la réponse américaine à la « principale » revendication russe n’est pas « positive » et annonce qu’il ne va pas « se presser » pour adresser une réponse à Washington.

Teria News

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