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Sénégal : inégibilité pour Ousmane Sonko condamné à 6 mois avec sursis

Ousmane Sonko déclaré inéligible à la présidentielle de 2024. En son absence à son procès pour « diffamation », l’opposant écope de 6 mois de prison avec sursis. La Cour d’appel brise les rêves de toute une jeunesse.

La position du procureur Mame Mbaye Niang tranche avec la décision « équilibrée » de la justice laquelle, en première instance, avait préféré condamner Ousmane Sonko à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts. Signe d’un acharnement judiciaire contre un opposant politique dont la popularité inquiète la majorité présidentielle, le parquet a cette fois requis deux ans d’emprisonnement dont un ferme, un mandat d’arrêt et la publication de l’arrêt dans cinq journaux.

Tombée comme un couperet sur un homme, mais aussi sur tout un pays qui portait sur lui ses aspirations politiques, la décision de la Cour d’appel de Dakar ôte à l’opposant son éligibilité. Favori de la présidentielle de 2024, Ousmane Sonko ne pourra, en conséquence, pas être candidat. La Cour aggrave sa peine et le condamne à 6 mois de prison avec sursis.

La désobéissance civile contre une justice inique

Ousmane Sonko a l’habitude des bras de fer avec le système judiciaire sénégalais. En mars 2021, son interpellation dans un dossier de viol contre l’employée d’un salon de massage de Dakar avait paradoxalement consolidé son influence, en particulier au sein de la jeunesse laquelle, y a vu dès le départ une instrumentalisation destinée à faire barrage à ses ambitions présidentielles. Émeutes, casses, ciblage de symboles de la présence française au Sénégal, l’affaire avait alors embrasé les rues de Dakar et d’autres centres urbains du pays tuant au moins 12 personnes. L’ouverture de son procès est prévue pour le 16 mai prochain.

Mais pour celui en appel dans le dossier de diffamation contre le ministre du Tourisme, Ousmane Sonko avait d’ores et déjà désavoué la justice. Refusant de se présenter de peur de légitimer une décision inique, l’opposant a tourné le dos à l’institution en appelant à la « désobéissance civile ». Bravant l’interdiction de quitter le territoire, le maire de Ziguinchor a ouvertement franchi la frontière qui sépare le Sénégal de la Gambie et réclamé la restitution de son passeport.

Risques d’échauffourées

Avec cette décision, la Cour d’appel de Dakar brise les rêves de toute une jeunesse, solidaire du sort réservé par la justice sénégalaise à Ousmane Sonko. À quel point le sera-t-elle cette fois encore ? Le précédent de mars 2021 et les rassemblements records enregistrés lors de meetings donnés au cours du premier trimestre de cette année où, des dizaines de milliers de jeunes sont venus l’adouber, ne laissent aucun doute sur sa popularité et font craindre des échauffourées.  

Le leader du Pastef est le champion incontesté de la jeunesse sénégalaise qui a eu cesse de lui manifester son engouement depuis son score à la présidentielle de 2019. Arrivé troisième derrière Macky Sall et Idrissa Seck, Ousmane Sonko est depuis devenu le premier opposant au président sénégalais et a contribué à structurer une opposition sénégalaise sans leader véritable, en particulier depuis le ralliement, depuis révolu, d’Idrissa Seck au camp présidentiel. Alors que la coalition Yewi Askan Wi se démantèle sous les coups de butoir de Macky Sall déguisés en appel au dialogue, il ne reste à Ousmane Sonko que sa base populaire.

Teria News

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