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Niger : Mahamadou Issoufou rattrapé par l’« uranium gate »

Auréolé à l’international d’une stature de « démocrate » pour avoir quitté le pouvoir de lui-même, l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou est rattrapé par sa mauvaise gouvernance. En cause : 3,4 millions de dollars de rétrocommissions de la part d’Orano, ex Areva.

Si l’affaire a été enterrée par la justice nigérienne, elle a été ressuscitée par les parquais français et américain. Les deux pays enquêtent sur l’« uranium gate », soit le versement par la multinationale française Orano (successeur d’Areva) de rétrocommissions à la classe politique nigérienne contre ses faveurs dans l’achat de 2 500 tonnes d’uranium à la Société des patrimoines des mines du Niger (SOPAMIN) en 2011.

De l’argent public « envolé »

Selon des indiscrétions d’Africa Intelligence, la corruption qui a marqué la conclusion de ce contrat, a touché le sommet de l’État nigérien.  Ainsi, le nom de l’ancien président Mahamadou Issoufou apparaitrait deux fois sur la liste des récipiendaires de rétrocommissions. Toujours selon le journal, l’ex-président aurait été « rémunéré » en deux fois avec un premier versement de 2,6 millions de dollars virés sur le compte d’une banque à Dubai et un second, de 800.000 euros virés sur un compte domicilié dans une banque suisse.

En tout, Mahamadou Issoufou, réputé proche de l’ancienne PDG d’Areva, Anne Lauvergeon, aurait touché près de 3,4 millions de dollars. Également parmi les versements effectués au titre de rétrocommissions, une somme aurait été virée sur un compte français de la SOPAMIN contrôlé par l’ancien directeur de cabinet du président Issoufou et actuel ministre nigérien des Affaires étrangères, Hassoumi Massaoudou.

Un scandale public étouffé par l’État nigérien

Société civile nigérienne, opposition politique et observateurs sont restés perplexes devant les modalités de cession de cette conséquente quantité d’uranium par l’État nigérien, via la SOPAMIN, à Areva. Les pourfendeurs de ce deal opaque mettent en cause le choix par les autorités nigériennes de l’entreprise française alors qu’elle ne représentait pas forcément l’acheteur le plus offrant.

Tentant d’éteindre le feu allumé par les échos d’un deal qui suinte le préjudice financier, l’ancien directeur de cabinet du président Issoufou avait avancé qu’une partie des bénéfices tirés par Niamey avait servi à acquérir des équipements militaires pour la garde présidentielle pour un montant de 800 millions de francs CFA. Seulement, les affirmations de Hassoumi Massaoudou n’ont été étayées par aucune ligne budgétaire du ministère de la Défense.

Comme l’« uranium gate », le « MDN gate », du nom des 78 milliards de francs CFA évaporés du budget nigérien de la Défense et d’autres dossiers de détournement de deniers publics, rappellent aux nigériens et révèlent au reste du monde une face sombre de la gouvernance Issoufou. Célébré pour avoir quitté le pouvoir après deux mandats successifs, conformément à la Constitution nigérienne et ce, alors que le virus du troisième mandat se propageait en Afrique de l’Ouest, Mahamadou Issoufou devrait voir son image de marque écornée par les révélations sur sa gestion publique.

Teria News

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