Trêve de 7 jours au Soudan alors que l’implication croissante de puissances régionales comme l’Égypte et de groupes armés comme le russe Wagner font craindre un remake du scénario syrien. Vers une internationalisation de la guerre des généraux ?
Après un cessez-le-feu de 72 heures conclu et renouvelé sous la médiation des États-Unis et de l’Arabie saoudite, l’armée et les forces paramilitaires ont convenu d’une trêve de 7 jours, du 4 au 11 mai, selon un communiqué du Soudan du Sud, médiateur dans le conflit au nom de l’organisation régionale est-africaine Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement qui rassemble le Soudan, Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie et le Soudan du Sud).
Alors que les cessez-le-feu précédents ont été largement violés, hormis pour créer des couloirs humanitaires permettant l’évacuation de ressortissants étrangers, les doutes pèsent sur le respect de cette nouvelle trêve. Cette dernière devrait également servir de cadre à l’entame de pourparlers de paix entre les généraux al-Burhane et Dagalo, les deux belligérants ayant « donné leur accord […] pour nommer des représentants pour des négociations de paix qui doivent se tenir dans le lieu de leur choix ».
Vers une « syrianisation » du conflit ?
Puissance tutélaire du Soudan, l’Égypte qui partage 1300 km de frontières avec son voisin du sud a, dès le déclenchement des combats, samedi 15 avril, été accusé d’apporter un soutien logistique à l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane. De l’autre côté du bras de fer armé, les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti, survivances des milices janjawid formés par Omar el-Béchir pour mater la rébellion au Darfour, bénéficieraient de l’appui de Wagner via des bases libyennes et centrafricaines où le groupe paramilitaire russe est implanté.
Selon plusieurs médias et centres de recherche, le groupe de mercenaires russes Wagner aurait fourni du matériel militaire aux FSR, dont des missiles sol-air afin de soutenir une offensive éclair du général Dagalo. Ce dernier aurait tissé des liens solides avec le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, via un accord assurant l’approvisionnement en armes aux FSR contre l’accès à des mines d’or sous le contrôle de Hemedti. De plus, selon Africa intelligence, les paramilitaires sous son commandement renforceraient les troupes de Wagner en Centrafrique, dont ils sécuriseraient la frontière nord-est contre les groupes rebelles.
Une « véritable catastrophe » selon l’ONU
Les évacuations par milliers de ressortissants étrangers, principalement non-africains, du Soudan et la fermeture de plusieurs ambassades à Khartoum, ont envoyé un mauvais signal aux populations civiles prises en otage par les généraux al-Burhane et Dagalo. En effet, ces évacuations démontrent l’absence de garantie quant à l’instauration d’une paix durable à court terme.
Depuis le 15 avril, les combats dont la capitale Khartoum et le Darfour (ouest) ont été les principaux théâtres, ont fait plus de 500 morts et plusieurs milliers de blessées. Le conflit cause également de vastes mouvements de population vers les États voisins comme l’Égypte, le Tchad ou la Centrafrique. Poussés à l’exode, plus de 100.000 soudanais ont déjà traversé leurs frontières et on compte plus de 330.000 déplacés internes, dont plus de 70 % au Darfour occidental et au Darfour du Sud, selon l’Organisation internationale pour les migrations qui s’attend à huit fois plus de réfugiés. Ceux qui restent doivent faire face à des pénuries d’eau, d’électricité et de nourriture.
Teria News