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Sahel : un officier nigérien promet un « réveil douloureux » au Burkina et au Mali

Mali et Burkina Faso se « gargarisent de slogans creux et font la guerre à coup de communiqués mensongers« . Un général nigérien prophétise un « réveil douloureux » aux deux pays suite à la rupture d’accords de coopération avec des partenaires occidentaux.

La sortie du Général de Division Mahamadou Tarka dit Abou, n’engage-t-elle que lui ou rend-elle compte d’une opinion largement partagée par l’état-major nigérien et son exécutif ? Sortant de la réserve qui contraint pourtant un soldat, à plus forte raison un haut gradé, le Général de Division Mahamadou Tarka a lancé une charge brutale contre les autorités malienne et burkinabè de Transition. Fustigeant la stratégie sécuritaire des deux pays voisins, l’officier accuse Bamako et Ouagadougou d’opérer « une fuite en avant pour garder un pouvoir arraché de force ». Selon lui, les deux régimes se « gargarisent de slogans creux et font la guerre à coup de communiqués mensongers et de propagande sur les réseaux sociaux ». Un populisme dont la seule issue serait, selon Mahamadou Tarka, un « réveil douloureux ».

Ouagadougou encaisse et temporise

Alors que les relations entre le Mali et le Niger ont souffert de nombreux coups de froid depuis la prise de pouvoir du colonel Assimi Goïta et la rupture diplomatique et militaire entre Bamako et Paris, le président Bazoum ne s’étant pas privé de condamner les choix stratégiques et géopolitiques de Bamako, Ouagadougou refuse d’entrer dans un conflit diplomatique avec son voisin. Déjà engagé sur le front de la lutte antiterroriste et dans une guerre communicationnelle sur les exactions présumées dont se seraient rendues coupables ses forces de sécurité, notamment à Karma, le Burkina Faso d’Ibrahim Traoré évite de disperser ses forces.

Ainsi, Ouagadougou choisit plutôt de considérer que la sortie de piste du général nigérien traduit « un besoin avéré de mise à niveau sur l’évolution du contexte sécuritaire actuel au Burkina Faso et dans le Sahel et sur l’histoire des deux pays ». Les autorités burkinabè se disent par ailleurs « convaincues » que les propos de cet officier supérieur « ne sauraient avoir la caution des frères nigériens qui, à n’en pas douter, ne se reconnaitront ni à travers sa teneur, ni à travers le style utilisé ».

Burkina – Mali – Niger : un mariage de raison

En somme, le général Mahamadou Tarka dit Abou, reproche au Mali et au Burkina Faso la rupture de plusieurs accords de coopération militaire avec l’ancienne puissance coloniale qui a, par ricochet, crispé les relations entre ces deux pays sahéliens et les autres partenaires sécuritaires occidentaux. Ainsi, tout en saluant « l’excellence » de la coopération entre son pays et les capitales de l’Ouest, Mahamadou Tarka a reproché à ses voisins de s’être « isolés » de la communauté internationale. Ce à quoi Ouagadougou a répliqué en assumant le « choix d’une gestion endogène » de la crise sécuritaire à travers ses « braves filles et fils ».

Si l’amitié entre le Mali et le Burkina Faso a été mise en avant par les autorités des deux pays à travers plusieurs visites, une vision commune des relations internationales et de la réponse à apporter à la menace terroriste, marquée par des convictions souverainistes et même par un projet de fédération, les relations entre le couple Ouagadougou-Bamako et Niamey sont plus difficiles en raison de l’alignement géopolitique de Mohamed Bazoum. Reste que le partage de frontières communes et la nature transnationale du terrorisme forcent le trio dans un mariage de raison laissant in fine peu de place à l’émotion.

Teria News

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